Écriture inclusive : une loi ?

6 Mars 2021
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Quelle idée ! Une soixantaine de députés-es, issus de la majorité LREM et de l'opposition LR principalement, ont appelé (17 février) à « interdire l'écriture inclusive dans les documents administratifs » et pour les personnes morales chargées d'une mission de service public, selon une proposition de loi transmise à l'Assemblée nationale. Son auteur est le député (LREM) François Jolivet. Il décrit l'écriture inclusive comme un choix « personnel et militant » et « en rien majoritaire », qui « brouille les messages » et « complexifie l'apprentissage de la langue française ». Et d’ailleurs, il sort l’artillerie lourde puisqu’il affirme dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi que « les experts de la dyslexie, dyspraxie et dysphasie sont préoccupés et alertent sur les difficultés supplémentaires engendrées par cette forme d'écriture ». Cette proposition est cosignée notamment par la présidente déléguée du groupe LREM Aurore Bergé ou la vice-présidente LR de l'Assemblée nationale Annie Genevard. François Jolivet entend surtout « alimenter le débat, sensibiliser et inciter les ministères à prendre des circulaires à l'instar d'Edouard Philippe en 2017 », indique le député à l'AFP. Dans une circulaire du 21 novembre 2017 sur « les règles de féminisation », l'ex-premier ministre Édouard Philippe avait « invité » ses ministres, « en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l'écriture dite inclusive ». Mais manifestement, cela ne suffirait pas, car le député dit s’inquiéter de l'apparition de « mots nouveaux » dans des « publications parfois officielles » comme « iels » pour « ils/elles », « toustes » pour « tous/toutes » ou « celleux » pour « celles/ceux ». Sa proposition de loi vise rien moins qu’à interdire l'écriture inclusive « dans les documents administratifs » et pour les « organismes et personnes chargés d'une mission de service public ». Les promoteurs-rices de l'écriture inclusive y voient un moyen de lutter pour l'égalité femmes/hommes. Outre l'utilisation de mots « neutres », elle préconise d'user à la fois du féminin et du masculin quand on s'adresse aux hommes et aux femmes, et remet en cause la règle d'accord de la langue française selon laquelle, au pluriel, « le masculin l'emporte sur le féminin ». Du côté du gouvernement, on ne semble pas pressé de se lancer dans le débat. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a indirectement balayé, mercredi 24 février, cette proposition de loi, affirmant que le gouvernement entendait se consacrer « aux priorités ». Plus tôt, la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, avait également estimé sur LCI qu'il y avait « d'autres combats » à mener. « Commençons par les combats qui ont le plus d'impact pour les Françaises », avait-elle ajouté.