Les prostituées sont les cibles d'agresseurs

7 Janvier 2017
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Les travailleuses du sexe à Paris sont régulièrement victimes d'agresseurs, mais elles portent rarement plainte par crainte d'ennuis avec la police, a dénoncé Médecins du monde (MDM) lors d’une conférence de presse le 19 décembre dernier à la mairie du 10è arrondissement parisien. Sur 72 affaires concernant 142 travailleuses du sexe suivies par le Lotus bus - un bus de MDM qui propose une assistance juridique, administrative et sanitaire aux travailleuses du sexe parisiennes, 22 sont le fait d'agresseurs en série, soit 30 % du total, note l’organisation non gouvernementale dans son rapport, écrit en partenariat avec l'association Les Amis du bus des femmes et avec le Syndicat du travail sexuel (Strass), précise l’AFP. Dans plus de la moitié des cas, les femmes agressées ont été violées, dénonce Médecins du monde. Sur 33 affaires suivies par Les Amis du bus des femmes, six sont le fait d'agresseurs en série, soit 18 %, pointe l'étude, issue d'un programme intitulé : "Tous en marche contre les violences faites aux travailleuses du sexe". "Les travailleuses du sexe sont ciblées" par ces agresseurs "car elles sont vulnérables", observe Sarah-Marie Maffesoli, chargée de mission à MDM, en charge du rapport. "Et plus elles sont vulnérables, parce qu'elles ne parlent pas français ou qu'elles sont sans-papier, plus elles sont ciblées", ajoute-t-elle. Sachant qu'une travailleuse du sexe qui n'est pas en règle n'ira pas voir la police, "les agresseurs sont certains de leur impunité", poursuit-elle, lors d'un entretien avec l'AFP. "Pratiquement personne ne porte plainte par peur de se rendre visible" de la police, d'être "identifiée" par elle, affirme Thierry Schaffhauser, porte-parole du Strass, cité par l’agence de presse. Le vote de la loi prostitution en avril 2016, "semble avoir plutôt favorisé les violences à l'égard des prostituées qu'accru leur protection", souligne le rapport. Les clients sont désormais passibles d'une amende de 1 500 euros, pouvant monter à 3 750 en cas de récidive. Ce qui a causé leur raréfaction et une paupérisation des travailleuses du sexe. Par ailleurs, les clients qui restent sont eux plus enclins à négocier les prestations à la baisse ou le port du préservatif, selon ces associations.