Succès pour la Pride des Banlieues

8 Juin 2023
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Faut-il y voir un signe ? Au local de AIDES à Saint-Denis, dans les bureaux collectifs de l’équipe de militants-es, on voit, accroché au mur, un panneau décoratif avec cette citation de Monique Wittig, célèbre autrice et théoricienne féministe lesbienne : « Le désir est résistance à la norme ». Une formule qui colle parfaitement à l’esprit de la Pride des Banlieues, dont la troisième édition s’est déroulée samedi 3 juin. Le matin, les militants-es — sous la houlette du conseil du territoire d’action de AIDES Île-de-France Nord-Ouest — ont organisé une rencontre avec Guillaume Truong, co-référent de la ligne d’écoute de SOS Homophobie, venu présenter les dernières données d’activité de la ligne et analyser les tendances actuelles en matière de LGBTQIphobies. Le temps d’infos et d’échange est suivi par une bonne vingtaine de militants-es qui partent ensuite à la Pride des Banlieues. Le point de départ a été fixé place René Dumont à Saint-Denis ; lieu idéal desservi par le tram et le numéro. Rapidement, vers 14 heures, c’est un flot continu de participants-es qui se déverse. Beaucoup de femmes, de jeunes, des parents-es avec leurs enfants, parfois très jeunes avec casques antibruits sur les oreilles. Aucun commerce, des représentants-es de syndicats, de structures indépendantes, des formations politiques (de gauche)… La tonalité de la Pride des Banlieues tranche singulièrement des Marches des Fiertés habituelles, avec un ancrage plus militant, plus subversif, plus politique. On y voit des slogans comme « Stop à la sérophobie » ou « PMA pour toutes » (cette année, la PMA était le thème de la Pride), mais aussi le panneau « Grève générale » qui fait écho aux slogans défendus en boucle lors des manifs anti réforme des retraites par le Pink Bloc, venu en nombre, : « On veut des paillettes et on veut des retraites », « On veut des paillettes et on veut des retraites » ... Une façon de faire vivre la convergence des luttes. On entend parfois la clameur de militants-es qui rappellent que la « première pride était de la révolte », comme une évidence et comme une invitation au retour aux sources de l’engagement émancipateur. L’événement intéresse les médias, d’autant qu’il gagne, chaque année, en audience (il y a de plus en plus de monde) et en notoriété (ça fait causer). Là, c’est une journaliste de la revue féministe La Déferlante qui interroge une militante de AIDES. Ailleurs, c’est une équipe vidéo de l’AFP qui réalise un  reportage ou une équipe de Blast, un site d’info indépendant qui a sa Web TV, qui engrange des images. « Vous savez si il y a Quotidien ? », interroge un participant. Le parcours se déroule intégralement à Saint-Denis, empruntant des axes parfois peu compatibles avec la masse des marcheurs-ses. On revendique, hurle, s’époumone dans le registre : « Ça va péter ! ÇA VA péter !! ÇA VA PÉTER !!! » Un panneau égraine : « PMA. Transition. Mon choix. Ma décision ». Un autre explique : « La PMA, c’est dans la rue qu’on l’aura », tandis qu’une banderole souligne que « Love has no gender » (« L’amour n’a pas de genre »). Plus haut dans le cortège, cette phrase, brandie à bout de bras : « Mes 4 pressions dans ta gueule. Dora Moutot ». « C’est qui Dora Moutot ? », interroge une participante. Pour faire court, on peut dire que c’est une féministe qui exclue les femmes trans des luttes féministes ; autrement dit une TERF (pour Trans-exclusionary radical feminist, soit féministe radicale excluant les personnes trans). Très logiquement, les participants-es à la Pride des Banlieues sont assez à cran vis-à-vis des TERF. Le point d’arrivée de la Pride se fait place de la Basilique, que prolonge un village associatif qui accueille et clôt la marche. Au village, face aux terrasses sur sollicitées, on trouve des stands associatifs (Vers Paris sans sida, OUTrans, Bameso, AIDES, etc.). Pour son édition 2023, la Pride des Banlieues aura réuni plus de 15 000 personnes. « 15 000 Merci ! Nous avons été plus de 15 000 à marcher à la Pride des Banlieues pour une PMA vraiment pour tous-tes ce samedi 3 juin ! 15 000 personnes pour créer le rapport de force pour faire avancer nos revendications dans l'espace politique ! 15 000 personnes également pour mettre les LGBTQI+ de quartiers populaires au centre de la lutte ! Un immense merci également aux 300 bénévoles, aux 67 organisations participantes et à tous les artistes qui ont fait le succès de cette 3e édition. Nous sommes désormais un mouvement qui lutte non pas uniquement au mois de juin, mais bien tout au long de l'année pour faire entendre nos revendications. Alors on se retrouve très vite pour les combats à venir ! », ont écrit les organisateurs-rices de l’événement, qui se confirme de plus en plus comme une réussite. Suivre sur Facebook et Instagram.