Usage des benzodiazépines : l’ANSM sort son rapport

16 Avril 2017
1 823 lectures
Notez l'article : 
0
 

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a récemment publié un Etat des lieux de la consommation en France des benzodiazépines. Commercialisées depuis les années 60, les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central. Elles sont indiquées dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil et de l’épilepsie. L’ANSM procède régulièrement à un état des lieux de cette consommation. Une diminution modérée de la consommation des benzodiazépines est observée en France depuis ces trois dernières années, note l’agence (rapport du 5 avril 2017). "Bien que le niveau en 2015 soit le plus bas que l’on ait observé depuis 2000, le nombre de Français consommant une benzodiazépine reste encore trop élevé, en particulier chez les plus de 65 ans, note l’ANSM. Vingt benzodiazépines et apparentés sont actuellement commercialisées en France. Compte tenu de l’importance de la consommation de ces médicaments chez nous, de leur profil de sécurité d’emploi et de certains usages problématiques, les benzodiazépines font, depuis longtemps, l’objet d’une attention particulière de la part des autorités de santé. Différentes mesures ont été mises en œuvre pour améliorer leur usage, maîtriser leur consommation et éviter leur potentiel usage détourné. Voici quelques données extraites du rapport du 5 avril 2017. Le nombre d’utilisateurs en France reste élevé. Près de 13,4 % de la population française a ainsi consommé en 2015 au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement). La France se situe derrière l’Espagne au 2e rang de la consommation des benzodiazépines en Europe. En 2015, 64,6 millions de boîtes de benzodiazépines anxiolytiques (versus 64,9 en 2010) et 46,1 millions de boîtes d’hypnotiques (versus 48,2 en 2010) ont été vendues chez nous. La proportion d’utilisateurs de benzodiazépines est en baisse de 5,7 % en 2015 par rapport à 2012. Cette baisse est plus prononcée pour les hypnotiques (-12,8 %) que pour les anxiolytiques (-3,8 %). La consommation concomitante d’anxiolytique et d’hypnotique a également diminué, passant de 3,1 % en 2012 à 2,7 % en 2015. Ce sont les femmes qui consomment le plus de benzodiazépines, quel que soit l’âge. Cette prévalence augmente avec l’âge et est la plus importante chez les femmes de plus de 80 ans. L’âge médian des nouveaux utilisateurs de benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques) est de 49 ans. Les traitements sont initiés par un médecin généraliste dans environ 82 % des cas. La durée du premier épisode de traitement est inférieure ou égale à 28 jours dans 75 % des cas et inférieure à 12 semaines dans 90 % des cas, selon l’ANSM. De 2012 à 2014, 15 % des nouveaux utilisateurs ont eu un premier épisode de traitement d’une durée non conforme avec les recommandations, parmi lesquels environ 2 % de plus d’un an. Les dernières données de pharmacovigilance confirment le profil de risque déjà connu de ces médicaments. Environ 23 % des effets indésirables graves déclarés avec les benzodiazépines sont des affections du système nerveux (somnolence, comas, convulsions voire, plus rarement, amnésies). Les affections psychiatriques représentent 12 % des effets indésirables graves des benzodiazépines anxiolytiques et 17 % des hypnotiques avec majoritairement des états confusionnels. Quel que soit l’âge, l’usage des benzodiazépines expose à un risque d’abus et de dépendance physique et psychique avec un syndrome de sevrage à l’arrêt. La consommation de benzodiazépines expose également à une augmentation du risque d’accidents de la route. Des études internationales montrent une augmentation de  60 à 80 % du risque d’accidents, ce risque étant multiplié par huit en cas de consommation concomitante avec de l’alcool.