VIH et prostitution : les ONG américaines retrouvent leur liberté de parole

14 Juillet 2013
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Les associations américaines de lutte contre le sida ne seront désormais plus contraintes de prendre position contre le travail du sexe pour recevoir des fonds publics, après une décision de la Cour suprême des Etats-Unis qui a estimé que cela violait la liberté d'expression, indique l’AFP (23 juin). Pour les militants de la lutte contre le sida, cet arrêt va mettre un terme à la "diabolisation des travailleurs du sexe et de leur rôle dans la propagation du VIH". "La loi qui existait jusqu'à présent stigmatisait une population qui est pourtant l'une des plus vulnérables" face à l'épidémie, souligne, auprès de l’AFP, Chris Collins, directeur des politiques publiques à la fondation de recherche contre le sida amfAR. La situation  antérieure remonte au lancement du programme PEPFAR (Plan d'aide d'urgence américain pour la lutte contre le sida) par l'administration de George W. Bush. Ce programme très bien doté financièrement (15 milliards de dollars sur cinq ans pour des traitements antirétroviraux et des mesures de prévention dans 15 pays, pour la plupart en Afrique subsaharienne) avait une restriction de poids : les programmes financés dans le cadre du PEPFAR devaient ouvertement se positionner contre le travail du sexe pour être financés. La Cour suprême des États-Unis a choisi de mettre un terme à cet engagement forcé, en tranchant en faveur des groupes de défense de la santé publique qui avaient contesté cette obligation. Le juge John Roberts a expliqué, à l'issue de la décision, que cette loi allait à l'encontre du Premier Amendement de la Constitution sur la liberté d'expression car elle forçait les associations à "prêter allégeance à la politique du gouvernement d'éradication de la prostitution". Sollicités par l'AFP, les services du PEPFAR n'ont pas souhaité réagir. Le budget du PEPFAR est actuellement de 5,5 milliards par an.