VIH, fragilité et vieillissement

16 Juin 2023
2 119 lectures
Notez l'article : 
0
 

C’est désormais un consensus scientifique, une personne vivant avec le VIH (PVVIH) dépistée et traitée retrouve une espérance de vie quasi similaire à une personne séronégative. Mais quid de la qualité de vie  et des effets du vieillissement chez les PVVIH séniores ? À mesure que l’on vieillit, le risque de fragilité augmente. La fragilité peut nous rendre plus vulnérable à une baisse de notre qualité de vie, à des chutes, à l’invalidité, à l’hospitalisation et, dans certains cas, à la mort. En France, plusieurs grandes cliniques ont collaboré à une étude sur la fragilité des PVVIH séniores pour laquelle elles ont recruté 510 personnes séropositives âgées de plus de 70 ans. L’étude en question a été publiée dans la revue scientifique AIDS, puis résumée sur le site canadien Catie. La Dre Clotilde Allavena, infectiologue à Nantes, et ses collègues ont recruté 510 personnes vivant avec le VIH âgées de plus de 70 ans et les ont réparties en trois groupes : pré-fragiles : 63 %, fragiles : 14 % et robustes : 23 %. La collecte de données a eu lieu entre mai 2019 et janvier 2020. Les participants-es étaient en majorité des hommes (415 hommes et 95 femmes), d’un âge moyen de 73 ans. Ils-elles étaient majoritairement nés-es en Europe (92 %), puis en Afrique subsaharienne (8 %). Le nombre moyen de CD4 était de 562 CD4/mm3 et 96 % des personnes avaient une charge virale indétectable (27 % avaient des antécédents de complications liées au stade sida). Les chercheurs-ses ont listé les comorbidités et problèmes connexes observés chez les participants-es comme suit : hypertension (67 %) ; hypercholestérolémie (67 %) ; déficience cognitive d’un certain degré (58 %) ; insuffisance rénale (40 %) ; dépression (33 %) ; chute survenue l’année précédente (23 %) ; diabète (21 %) ; antécédent de cancer (17 %) ; ostéoporose (16 %) ; crise cardiaque ou maladie coronarienne (15 %) ; AVC (10 %) ; mauvaise circulation sanguine dans les jambes (maladie artérielle périphérique) (9 %) ; problèmes pulmonaires chroniques (7 %) et hépatite virale (6 % avaient le VHC et 4 %, le VHB). L’équipe de recherche a constaté un lien entre les facteurs suivants et un risque accru de fragilité : âge avancé (à partir de 70 ans, par tranches de cinq ans), faible statut socioéconomique et problèmes de santé concomitants. Selon les chercheurs-ses,  des interventions conçues pour aborder les problèmes de santé et les difficultés socioéconomiques pourraient aider à favoriser « le vieillissement réussi de cette population ». L’équipe française prévoit de poursuivre son étude pendant cinq ans, ce qui lui permettra de recueillir plus de données et d’étudier la progression des participants-es entre les différentes catégories (de robustes à pré-fragiles, puis à fragiles).