VIH, libido et sexualité

18 Octobre 2016
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Vaste sujet que celui du sexe et du VIH qui anime autant les personnes qui vivent avec le VIH que les soignants. La qualité de vie sexuelle et affective peut être perturbée du fait de l'annonce de la maladie, des contraintes inhérentes à la prise d'un traitement, à la peur du rejet ou encore aux craintes concernant les risques de transmission. Pour les soignants, la prise en considération des troubles sexuels doit faire partie intégrante de la relation médecin-patient au cours du suivi médical. D’autre part, il y a l’aspect libérateur du Tasp (traitement comme prévention) sur les craintes liées au risque de transmission, la projection dans des projets familiaux ou affectifs. Un peu partout dans le monde, des travaux sont conduits sur les dysfonctionnements sexuels, la baisse du désir sexuel, de la libido, etc. En fait, le sujet passionne parce que rien n’est acquis, que chaque cas diffère et que les explications concernant une baisse de sexualité sont multiples (psychologiques, physiologiques, vieillissement, etc.). Et pour vous, qu’en est-il ? Voyez-vous le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Estimez-vous avoir une sexualité satisfaisante, épanouie ? Votre libido a-t-elle évolué depuis que vous avez le VIH ? C’est autour de ces questions sur sexe et VIH que Seronet vous propose d’échanger pendant le chat thématique, mardi 18 octobre de 21h à 22h, en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Un chat sur un toit brûlant et un cénacle d'une douzaine de personnes et très majoritairement masculin pour échanger leurs sensations : le VIH change le désir le plaisir et la sexualité. Pour la plupart la découverte de la séropositivité, en partie par son impact sur la confiance et de l'estime de soi, marque une altération de la libido, mais les mécanismes et les origines supposées différent d'un-e participant-e à l'autre. Difficile souvent de faire la part entre un effet des traitements, celui direct du virus, ou bien si tout est dans la tête, avec ce qu'il induit dans la relation à l'autre et au sein de laquelle le VIH s'insinue. Et c'est finalement moins la peur de contaminer un-e partenaire que le stress persistant d'être rejeté à l'annonce de son statut, qui conduit soit à taire sa séropositivité soit à s'abstenir de relations sexuelles. Quand une relation s'installe, la capote peut au bout d'un moment décourager les partenaires, ou quand ils restent, à l'évocation de son statut sérologique, le contact peut être brutalement rompu, ou amène le partenaire à exprimer une crainte de contamination et un moindre désir. Malgré quelques campagnes, tous déplorent dans cette perspective l'absence de connaissance du public et le manque de communication, en particulier de la communauté médicale, sur la charge virale indétectable et la non-transmission du VIH qu'elle confère. Des efforts importants doivent être accomplis car même lorsqu'elle est expliquée au partenaire, "Avec un séropo indetectable... tu ne risques que l'Amour", elle ne parvient pas à convaincre de l'absence de risque et à rassurer la personne. Renonçant à une la possibilité d'une relation stable, certains y substituent alors des rapports éphémères, qui peuvent s'avérer moins accessibles en province où les lieux de rencontres sont plus rares. Pour d'autres cette frustration alimente au contraire le désir et nourrit les plaisirs "solitaires". L'équipe médicale (médecin, psy, sexologue, infirmière, suggèrent d' "oublier le virus et vivre", et  le médecin conduit quelques fois en parallèle des analyses vérifiant le taux de testostérone en lien possible avec une baisse de libido. D'autres vont plus directement traiter les troubles érectiles et prescire Viagra, Cialis, Kamagra, voire des injections de Caverject. Même si quelques médecins n'imaginent même pas une sexualité passé 60 ans, certains participants sont décidés à rechercher jusqu'au bout un-e partenaire et une sexualité équilibrée. Enfin la découverte de la séropositivité a pu libérer de la crainte permanente de contamination vécue en tant que séronégatif, et permis au contraire de vivre une sexualité libérée et épanouie : et la barrière du préservatif, "la sensation d'avoir une flèche empoisonnée en lieu de sexe ... disparait quand nous apprenons que nous ne sommes plus contaminants, et là c'est la révolution".

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer ici vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

La semaine prochaine, ne boudant pas notre plaisir, et laissant dialoguer à travers les décennies Magnus Hirschfeld et Bernard Hirschel, nous nous intéressons avec William Reich à la Fonction de l'orgasme, tandis qu'Herbert Marcuse nous ouvrira d'autres perspectives dans Eros et Civilisation, avant de nous embarquer, aux côtés de Tennessee Williams, dans Un tramway nommé Désir.