Indications restreintes pour le Zerit
"La stavudine doit être utilisée uniquement lorsqu'il n'existe pas d'autres alternatives thérapeutiques et sa durée d'utilisation doit être la plus courte possible". Ces mots sont ceux des Agences française (Afssaps) et européenne (EMA) du médicament, qui viennent de restreindre les indications de la stavudine, antirétroviral de la classe des nucléosides commercialisé sous le nom Zerit depuis 1996.
En cause ? Principalement sa toxicité sur le métabolisme des mitochondries (ces petites "usines moléculaires" qui alimentent nos cellules en énergie). Celle-ci est à l’origine d’effets indésirables sévères et fréquents : principalement des neuropathies périphériques (une maladie des nerfs qui se traduit par des douleurs, des insensibilités, voire des difficultés de mouvements) et des lipoatrophies (une perte de graisse dans certaines régions du corps, principalement le visage et les membres). Et plus rarement, des acidoses lactiques, c’est-à-dire un excès d’acide lactique dans le sang, qui entraine douleurs abdominales, nausées et vomissements, douleurs musculaires, pertes d’appétit et troubles hépatiques.
Cette décision n’est pas une surprise : depuis quelques années, Zerit était de moins en moins prescrit (du moins au Nord), remplacé par des antirétroviraux plus récents et moins toxiques. Selon les données de la base hospitalière française (FHDH), seuls 0,4 % des personnes suivies à l’hôpital en France en prenaient encore en 2009. Par ailleurs, les experts français (Rapport Yeni) recommandaient déjà de ne pas utiliser la stavudine pour un premier traitement anti-VIH. L'Agence française recommande que les personnes qui sont encore traitées par Zerit fassent l’objet d’une surveillance rapprochée, et que leur traitement soit remplacé le plus tôt possible si des alternatives existent. Elle invite aussi les personnes à continuer à signaler les effets indésirables à leur médecin. Cette décision est valable en Europe. Rappelons que dans les pays du Sud, la stavudine est encore trop fréquemment utilisée au regard de ses effets indésirables, car elle est moins chère que d’autres molécules plus récentes et mieux tolérées.
En savoir plus sur le site de l'Afssaps.
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Commentaires
c'est dingue d'entendre ça en 2011 !!
Cela fait peur tout de même. Zerit existe
oui c'est à gerber
Si ça pouvait ouvrir un peu l'esprit de certains. ZERIT est encore donné....
Alors qu on pourrait encore alléger les TRI et les cadences de prises rien ne bouge. Et il ne faut plus compter sur les assos pour faire pression sur les labos. Elles étaient vitales jusqu'en 2005, je crois que sans les assos aujourd hui cela ne changerait rien. On a l'impression d'être dans un fleuve tranquille...