Hépatite C : l'accès aux traitements est largement insuffisant selon l'ONU

Publié par jfl-seronet le 26.04.2014
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Thérapeutique

La quasi-totalité des 185 millions de personnes atteintes d'hépatite C n'ont pas accès aux traitements, a dénoncé l'ONU dans un communiqué, appelant à élargir cet accès pour faire baisser les prix exorbitants des nouveaux traitements. Ces recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une agence de l'ONU, sont parues la veille de l'ouverture à Londres du Congrès international du foie de 2014.  

L'hépatite C est une maladie du foie, causée par le virus de cette maladie (VHC) : environ 185 millions personnes sont porteuses chroniques et encourent le risque que leur atteinte hépatique évolue vers la cirrhose et/ou le cancer du foie. Plus de 350 000 personnes meurent de ses complications hépatiques, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Ce virus se transmet par contact avec le sang. L'hépatite C peut être guérie avec des antiviraux : 90 % de réussite pour les nouveaux traitements, et 50 à 60 % de réussite pour les traitements de référence (la bithérapie standard). Il n'existe actuellement aucun vaccin, alors qu’il en existe un contre l’hépatite B.

Des chiffres qui font peur

Les pays connaissant un taux élevé d'infection chronique sont l'Egypte (supérieur à 10 %), le Pakistan (4,8 %) et la Chine (3,2 %). Selon l'OMS, le mode de transmission responsable dans ces pays est l'utilisation de matériel d'injection contaminé. Dans les pays à revenus plus élevés comme la Russie ou certains pays de l'Est, le partage du matériel d'injection entre personnes consommatrices de drogues par injection est la principale source de transmission. Dans le monde, 69 % des utilisateurs de drogues injectables vivent avec une hépatite C. Seuls entre 2 à 3 % des personnes reçoivent un traitement au sein de l'Union Européenne, a déploré Stefan Wiktor, responsable du programme mondial de lutte contre l'hépatite à l'OMS. La France fait légèrement mieux, avec 6 % des malades recevant un traitement, a-t-il noté. L'OMS dispose de très peu de statistiques pour le reste du monde, mais ses experts estiment que les chiffres sont ridiculement bas. Pour quelles raisons ? Tout d'abord, beaucoup "ne sont pas au courant" qu'ils sont porteurs du virus car la grande majorité d'entre eux sont asymptomatiques, explique Stefan Wiktor. L'OMS recommande donc désormais un test de dépistage pour les personnes considérées comme très exposées au risque d'infection.

Des prix trop élevés

"Actuellement, le traitement contre l'hépatite C est trop cher pour la plupart des malades qui en ont besoin", dénonce Peter Beyer, conseiller à l'Organisation mondiale pour la santé. "Les gouvernements, les agences internationales, les donateurs, la société civile, et l'industrie pharmaceutique vont devoir travailler ensemble pour aider à garantir que le traitement de l'hépatite C est abordable et accessible pour tout ceux qui ont besoin d'un traitement", indique l'OMS. Le Sofosbuvir, le nouveau traitement de 12 semaines de l'américain Gilead (déjà autorisé aux Etats-Unis et en Europe), est facturé 84 000 dollars aux Etats-Unis, quelques 1 000 dollars la tablette alors que son coût de production oscille entre 68 et 136 dollars, selon Peter Beyer.

Réduire les marges du labo

Réduire les prix passe notamment par des négociations. Ainsi, relève Peter Beyer, l'Egypte est parvenue à négocier un prix de 900 dollars pour le Sofosbuvir. Mais pour faire baisser les prix, assure Andrew Ball, un autre expert de l'organisation onusienne, il faut aussi "élargir l'accès" aux traitements à travers des politiques nationales et la mise en place d'une stratégie mondiale, comme cela a été fait dans le cadre de la lutte contre le sida. L'OMS espère, par ailleurs, que l'arrivée prochaine de nouveaux traitements va favoriser la concurrence, faire baisser les prix et ainsi augmenter l'accès aux traitements.