Pénitenciers canadiens : les cas d'hépatite C ont doublé depuis 2000

Publié par jfl-seronet le 07.01.2010
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Les cas d'hépatite C répertoriés dans les pénitenciers fédéraux canadiens ont doublé entre 2000 et 2007, selon un document interne du Service correctionnel du Canada, rapporte le journal canadien La Presse (26 décembre). Explications.
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Près d'un détenu sur trois est atteint d'une hépatite C. "Le virus de l'hépatite C est un problème significatif en croissance au sein de la population carcérale", affirme le rapport cité par la Presse. En 2007, le Service correctionnel du Canada a dénombré 4 845 cas d'hépatite C, soit 2 468 de plus qu'en 2000. "En réalité, les cas seraient plus nombreux, puisque les détenus ne sont pas obligés de passer des tests de dépistage", rappelle le quotidien canadien. Environ 50 % acceptent de le faire à leur admission. Au total, 30 % des personnes détenues étaient atteintes de l'hépatite C en 2007. Ce taux d'infection est 30 fois plus élevé que celui de la population canadienne en milieu libre. "Les personnes détenues des pénitenciers fédéraux sont également plus vulnérables au VIH : leur taux d'infection est de 7 à 10 fois plus élevé que la moyenne. En 2007, 249 cas de VIH étaient répertoriés, ce qui correspond à 1,8 % de la population carcérale", conclue La Presse.
Comment expliquer cette forte augmentation des cas d'hépatite C ? Le Service correctionnel du Canada l'explique par les "comportements à risque des détenus". "La poursuite de ces comportements pendant l'incarcération constitue un défi de santé publique", indique une porte-parole du Service correctionnel du Canada dans La Presse. Elle indique d'ailleurs que l'organisme officiel "consacre chaque année 13 millions de dollars aux soins aux malades et à la gestion des maladies infectieuses." La Presse rappelle que les personnes détenues "ont notamment accès à des condoms, à des digues dentaires et à des instructions pour nettoyer leurs seringues. Cependant, la direction ne prévoit pas d'implanter un programme de distribution de seringues."

Un autre problème existe : la grande réticence des personnels de surveillance vis-à-vis des personnes détenues séropositives au VIH ou pour l'hépatite C. "Depuis 2006, le syndicat [des surveillants] demande au gouvernement fédéral de modifier la loi afin d'obliger les détenus à passer des tests de dépistage", indique La Presse. "Actuellement, les agents correctionnels ignorent quels détenus sont atteints de l'hépatite C ou du VIH", déplore, de son côté le président national du syndicat. Le syndicat souhaite que les détenus soient obligés de se soumettre à une prise de sang à leur admission. Fort heureusement, le Service correctionnel du Canada n'a pas l'autorité de forcer les détenus à passer des tests sanguins. La Charte canadienne des droits et libertés protège les personnes des fouilles illégitimes et déraisonnables, ce qui inclut les tests sanguins", rappelle le journal.