Cocorico ! et temps mieux ...

Publié par jl06 le 23.06.2018
465 lectures

La France "championne du monde" des dépenses de protection sociale (et ça marche ! ) Par latribune.fr  |  21/06/2018, 18:27  |  763  mots (Crédits : REUTERS/Heino Kalis)Alors que le taux de pauvreté en France est de 13,6%, en Espagne il dépasse 22%.Eh non, le système de protection sociale ne paraît pas aussi inefficace qu'Emmanuel Macron semblait le laisser croire le 13 juin. Selon les propres services statistiques de son ministère de la Solidarité et de la Santé, avec un taux de pauvreté monétaire estimé à 13,6% en 2016, la France a de meilleurs résultats que notamment la Suède, l'Allemagne et le Royaume-Uni où le taux de pauvreté avoisine 16%. Sans le système de redistribution sociale et fiscale, le taux de pauvreté de la France se situerait autour de 24%, selon la Drees.

"En 2016, les prestations de protection sociale s'élèvent à 714,5 milliards d'euros, soit 32,1 % du PIB. Elles augmentent de 1,8 %, soit quasiment au même rythme qu'en 2015 (+1,7 %)."

Voilà un rapport qui démarre fort. Pour présenter la situation des comptes de la protection, la Drees (l'institut qui collecte les statistiques pour le ministère de la Solidarité et de la Santé) ne fait effectivement pas dans la dentelle. Ce chiffre énorme donne même corps à l'exclamation du président Macron qui a fait tant couler d'encre : les aides sociales, ça coûte "un pognon de dingue!".

Lire aussi : Les aides sociales coûtent "un pognon de dingue" ? Ce qu'a vraiment dit Macron

Et pourtant, cette étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publiée ce jeudi 21 juin, vient casser nombre d'idées reçues sur la question de la soi-disant inefficacité de la politique de protection sociale de la France.

La lutte contre la pauvreté et l'exclusion représente 3% des dépenses

Dans le détail, ce sont les prestations liées à la vieillesse et à la santé qui font de la France le numéro un européen en matière de dépenses de protection sociale.

En revanche, celles consacrées à la lutte contre la pauvreté (la "solidarité") pèsent beaucoup moins.

"La France est la championne d'Europe, et probablement du monde, dans les dépenses de protection sociale", une situation "qui s'explique essentiellement par les risques vieillesse" (retraites, minimum vieillesse, dépendance) "et santé", a résumé Jean-Marc Aubert, responsable du service de statistiques des ministères sociaux, en présentant l'étude à la presse.

Il nuançait cependant ensuite :

"Dans le dossier de la lutte contre la pauvreté, on est un pays généreux, mais les décalages par rapport à l'Europe sont faibles", a-t-il ajouté.

Ainsi, la France a versé 714,5 milliards d'euros de prestations sociales en 2016, ce qui représente 32,1% du PIB (+4 points en 20 ans), comparé à une moyenne de 27,5% pour l'Union européenne à 28 pays. La France est le pays européen qui dépense le plus, juste devant le Danemark et la Finlande.

Un autre chiffre intéressant dans ce rapport : en France, les prestations sont très majoritairement versées par des administrations publiques (91%), le secteur privé (mutuelle...) comptant pour seulement 9%.

Santé et vieillesse représentent ensemble 81% des dépenses de protection sociale, suivies des prestations familiales (8%) et de celles liée à l'emploi (chômage, insertion, 6%). Comme le logement, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale représente 3% des dépenses.

Le "pognon de dingue dans les minima sociaux" : entre 1,8% et 2,6% du PIB...

Mais, alors qu'Emmanuel Macron regrettait mercredi dernier "qu'on met(te) un pognon de dingue dans les minima sociaux" et que "les gens pauvres restent pauvres", la Drees a évalué l'effort social de la nation en matière de lutte contre la pauvreté et l'exclusion entre 1,8% et 2,6% du PIB en 2016, selon le périmètre considéré.

Dans un périmètre "restreint", qui comprend les minima sociaux (RSA, Allocation adulte handicapé, minimum vieillesse ...), d'autres prestations telles que la prime d'activité, et les mécanismes permettant d'alléger la charge fiscale des ménages pauvres, la Drees évalue cet effort à 40,5 milliards d'euros en 2016 (+3,5% par an en moyenne ces dix dernières années), soit 1,8% du PIB.

Dans un périmètre plus large incluant la part des allocations logement et prestations familiales versée aux ménages pauvres, l'effort est chiffré à 57 milliards d'euros, soit 2,6% du PIB.

Taux de pauvreté : la France fait mieux que la moyenne de l'Europe

Avec un taux de pauvreté monétaire estimé à 13,6% en 2016 (+1,1 point depuis 2008) - proportion de la population vivant en dessous de 60% du niveau de vie médian, soit avec moins de 1.000 euros par mois - La France a de meilleurs résultats que l'Union européenne à 15 pays (17,1%).

En Suède, en Allemagne et au Royaume-Uni, le taux de pauvreté est autour de 16%, tandis qu'il dépasse 22% en Espagne.

Selon les calculs d'Eurostat, la totalité du système de redistribution sociale et fiscale "réduit de l'ordre d'une dizaine de points la pauvreté et l'exclusion sociale en France", qui se situerait sans lui à 24% environ, a précisé Romain Roussel, sous-directeur adjoint à la Drees.

Les ressources de la protection sociale (cotisations sociales, CSG et autres impôts et taxes affectés) étant de 758,7 milliards d'euros en 2016 pour des dépenses totales (prestations + frais de gestion et financiers) de 759,1 milliards d'euros, le déficit n'est plus que de 400 millions d'euros en 2016. Il s'est réduit sans discontinuer depuis 2013, lorsqu'il atteignait 11,6 milliards d'euros.