Et une nuit au poste, une...

Publié par parisien-breton_en_ligne le 04.10.2008
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suite... Donc direction, le dépôt. Il faut vivre ça une fois dans sa vie...

Arrivés au car de police, mon accolyte de nuit et moi, nous retrouvons avec les menottes dans le dos comme de grands délinquants. Au poste, on nous prend nos papiers, nos ceintures, nos lacets... Fouille au corps, le policier, très délicat, en me mettant un doigt pour vérifier que je ne cache rien dans mon fondement (!!!) me dit "je n'appuie pas trop fort de peur que ma main rentre..." gros con... je n'ai envie de prendre ni ton doigt ni rien du tout...

Et direction, une cellule, on est plein là dedans : on fait connaissance, on se demande pourquoi on est là : ça va de "bagarre et j'avais un couteau" à "vol à la tire"... Nous, pas en état de raconter des cracs, on dit "outrage à la pudeur" (on vient de nous dire que c'est ça le délit). Alors, le ptit beur qui est assis à côté de moi, nous demande "et elles sont où les meufs ?" ; réponse "yen avait pas". Du coup, le ptit beur (qui était plutôt mignon) me propose de me protéger pour la nuit, tout en passant son bras sur mon épaule. Moi, j'ai vingt six ans, j'ai envie de pleurer et je veux rentrer chez ma mère... Qu'est ce que je fais là ???

Quatorze heures de garde à vue... puis, on nous relache en nous disant qu'on sera convoqué au tribunal...

La seule chose qui m'importe à ce moment là, c'est d'aller vite au boulot, j'ai déjà trois heures de retard...

J'y arrive, je donne un prétexte à la con comme excuse et je m'installe à mon bureau... Dans la journée, la fatigue, la panique, et plein d'autre chose... je calanche, ça ne m'était jamais arrivé... je fais un malaise, et hop, dans les pommes... Quand j'émerge à nouveau, tout le monde est autour de moi, y a plein de questions et je m'entends dire " ce n'est rien, ai eu un souci avec la police cette nuit, ai passé la nuit au poste..." mais quel con!!! , je ne pouvais pas me taire... Ma chef, très maternelle, m'en demande un peu plus et là je raconte tout sauf le vrai motif... contrôle d'identité qui tourne mal, abus de pouvoir de la police...

Et là, tout se déclenche, mon histoire fait le tour des services (on est genre 1 200 personnes à bosser dans le batiment). Entre temps, je vais voir mon médecin ; dès que j'entends une sirène de police ou de pompier, j'ai 22 de tension et je grimpe aux arbres.

Je raconte tout (la vérité) à mon toubib qui m'envoie en repos chez papa et maman au fond de ma Bretagne...

Mais côté employeur, il faut l'autorisation de mon chef chef chef, qui, dans un premier temps refuse. Alors ma boss lui explique : l'arrestation abusive, la police... Sauf que, le chef chef chef connait le prefet de police et souhaite le contacter sur ce type de bavure... Du coup, je me retrouve en audience chez mon grand chef à lui déballer toute l'histoire : je suis gay, j'étais aux tuileries... bonjour le contexte. C'est un monsieur d'une cinquantaine d'années, très impressionnant, très gradé... je suis tout petit dans mes baskets et dans mon slip... En fait, c'est un monsieur très bien, il m'écoute et sait trouver les mots réconfortants " vous avez, il y a des hétérosexuels, des homosexuels, des bisexuels, peut être qu'un jour, on aura des trisexuels" et il me signe mon autorisation de repos à la campagne...

Avant de partir, je vais faire un examen sanguin sur les conseils de mon toubib. On est en janvier 1987, y a un virus dont on parle de plus en plus depuis quelques années et vu ma sexualité depuis mon arrivée à Paris, il serait bien de...

à suivre

   

Commentaires

Portrait de davy

ai bien aimer lire ta petite histoire donne envie de savoir la suite. J'imagine, T'es bien un  breihzou! ;-)
Portrait de Keuf

Le principal étant de le savoir... 

Pour le reste, c'est bien écrit...  mais irréaliste :)

Portrait de parisien-breton_en_ligne

Tant mieux, mais c'est véridique, à peine romancé... suis passé au tribunal ai eu une amende et une inscription sur un des volets de casier judiciaire. Avec un avocat que j'avais pris, il a fallu négocier pour ne pas avoir d'inscription sur le volet à fournir à son employeur quand on bosse dans la fonction publique...

Portrait de Keuf

Tu sais, ca fait une quinzaine d'année que je suis dans le métier...  Je ne vais pas tout reprendre...  simplement, la petite phrase qui m'a fait le plus "sursauter"

 "Fouille au corps, le policier, très délicat, en me mettant un doigt pour vérifier que je ne cache rien dans mon fondement (!!!) me dit "je n'appuie pas trop fort de peur que ma main rentre..."

Je ne dirai rien par rapport au terme "fouille à corps" qui est du domaine de l'OPJ.. Par contre le "toucher rectal" ne peut être pratiqué que par un médecin..  Tout autre personne qui le pratiquerait commettrait un viol (article 222-23 du CP)... Et jamais un collègue ne prendrait un tel risque! (même en 1987)

Pour info quand un flic veut savoir si tu as quelque chose dans le cul.. Il te fait t'accroupir et tousser... 

Voilà.. Je ne veux pas te faire un cours juridique.. simplement rétablir la vérité... 

Portrait de parisien-breton_en_ligne

ok pour le cours juridique mais je maintiens et je signe... ai bien eu droit à un doigt et ce n'était pas un médecin (à ma connaissance, sauf s'il y en a la nuit au dépôt et qu'ils ne se présentent pas en tant que tel)...

ai passé sous silence les diverses humiliations subies cette nuit là : l'association de l'homosexualité à la pédophilie, j'en passe et des meilleurs... ai pas eu de bol, suis tombé sur des bourrins cette fois là

mais je ne fais pas d'amalgamme, vous n'ètes pas tous comme ça , loin s'en faut... et je reconnais la grande utilité de votre métier...

mais désolé, pour cette nuit, c'est vrai...

Portrait de vendredi_13

en tout cas, il a un certain humour ce keuf (celui de ton histoire) lol !  __________________

"Vivre en soldat mais sans être soldat, l'être au sens figuré et non à la lettre, voilà ce qui au fond constitue la liberté." (Thomas Mann)