fin de partie

Publié par Ferdy le 07.04.2012
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tu vois, je ne dors pas, je devrais roupiller après toute cette fatigue accumulée, toutes ces années à m'inquiéter du lendemain, pour rien, je devrais peut-être te regarder dormir, tu es si beau quand tu dors, quand tu te tais, en fait je ne t'ai jamais aimé que dans ton sommeil, sauf quand tu ronfles, ou lorsque tu me donnes des grands coups de coude en gigotant, qu'est-ce que j'ai pu t'aimer, toi et tes beaux yeux, jamais su s'ils étaient verts ou bleus, quel est ton nom, souvent je le confonds avec une marque de cosmétique, un truc comme hugo boss, t'as jamais travaillé de ta vie, ça te va bien et tu collectionnes les montres inutiles, jamais de rendez-vous, à part un sauna ou un tennis avec ton beau-frère, je sais que je t'aime mais ne me demande pas pourquoi, parfois j'aimerais dormir dans la chambre d'amis, mais nous n'avons pas de chambre ni d'amis, on fait comme ça, tu dors après avoir avalé un repas plus ou moins réussi, au début, tu caressais mon corps, on se trouvait mutuellement désirables, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'on ressemblait à tout le monde, aux voisins, à ton beau-frère, à l'épicier, remarque l'épicier il est pas mal, mais là n'est pas la question, tu dors, et je t'attends, si je savais faire du pain et des croissants, j'en ferais, je partirais dans le pétrin, ça ferait un peu de bruit dans notre mansarde, aussi je reviens vers toi, je regarde pour voir si tu n'es pas mort, mais non tu respires encore, je me retourne, rien n'y fait, si seulement je pouvais m'endormir, mais non, je pense aux factures, à l'avenir, à la vie devant nous, comme tu es beau, ta mère m'avait prévenu, il est beau mon fils, en négligeant de me prévenir que tu ne savais rien faire, depuis combien d'années, vingt-cinq, douze, quarante-deux, je n'ai jamais su compter, peut-être trois mois, et encore en comptant large, il y a ta raquette de tennis près du lavabo, je pourrais m'en servir de passoire quand on fait des pâtes, tu préfères aller au restaurant, je t'attends devant la fenêtre, c'est plein de chats par ici, à chaque fois je crois que c'est toi qui rentre, mais quand tu reviens je suis tellement heureux de te revoir, tu vas te coucher après avoir fumé, tu n'as pas même remarqué ce bouquet de tulipes près du lit, c'était pour toi, si tu savais combien je t'aime...

Commentaires

Portrait de Coeursauvage

Vivre à deux, pour un jour pour un an 

Vivre à deux, quelques instants

Vivre à deux, et pouvoir effacer

Chaque jour tous nos regrets...

Et je t'aime

Je t'aime,

Je t'aime sans raison

Et je t'aime,

Je t'aime, au delà des saisons...

 Marie Laforêt 

Comme c'est beau de pouvoir dire "Je t'aime" à quelqu'un

Et comme ça fait du bien.

Je t'envie Ferdy