Paris réunit les géants de l'internet mardi 23 et mercredi 24 mai pour la première édition d'un "e-G8". Tous les plus grands noms du web se retrouvent ainsi pour débattre des enjeux du numérique dans l'économie, la société et les médias ont pour objectif de nourrir le G8 de Deauville (27-28 mai). De Facebook à Google en passant par Amazon et e-Bay... Ils vont tous défendre, lors d'une série de tables-rondes et d'ateliers, leur vision de la Toile et du modèle économique à mettre en place pour assurer son développement et sa pérennité.
Ce e-G8 a été voulu par Nicolas Sarkozy, président en exercice du G8, en préparation du traditionnel sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du cénacle, où l'internet figure pour la première fois à l'ordre du jour.
A l'issue du forum, au Jardin des Tuileries, une délégation d'intervenants ira porter à Deauville un résumé des débats pour "faciliter la réflexion des chefs d'Etat", a indiqué à l'AFP Maurice Lévy, P-DG de Publicis, chargé par l'Elysée d'organiser ce sommet.

Sarkozy veut instaurer un dialogue

Nicolas Sarkozy a plaidé mardi pour un "dialogue" entre les Etats et les chefs d'entreprises du secteur de l'Internet, au nom d'une "responsabilité partagée. "Ce serait une contradiction que de vouloir écarter les gouvernements de cet immense forum" que constitue Internet, a-t-il souligné. "Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal, sans entrave ni retenue", a-t-il lancé devant les dirigeants des plus grands groupes du secteur (Google, Facebook, eBay, etc) en ajoutant "Vous ne pouvez pas vous exonérer de valeurs minimum". "Les Etats souhaitent engager avec vous un dialogue pour qu'une voie équilibrée puisse un jour être trouvée entre vos intérêts, ceux des internautes qui vous plébiscitent chaque jour et ceux enfin des citoyens et des contribuables de chaque nation qui ont aussi des droits", a expliqué le président.
"Nous avons besoin d'entendre vos aspirations, vos besoins", a-t-il ajouté. "Vous avez besoin d'entendre nos limites, nos lignes rouges".

L'impact d'internet sur la croissance

Lors de la première séance plénière consacrée à l'impact d'internet sur l'économie, tous les intervenants - de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, le patron de Google Eric Schmidt ou encore le P-DG d'eBay John Donahoe - ont convenu du rôle d'"accélérateur de croissance" que constitue la Toile. "On se focalise sur les grosses compagnies, alors que la vraie histoire d'internet et l'innovation se font sans les grandes plates-formes; internet est créé par les citoyens et il faut garder cela en vue", a souligné John Donahoe.
Selon une étude du cabinet de conseil McKinsey publiée par La Tribune, le secteur de l'internet a généré 3,4% du Produit intérieur brut des treize pays les plus développés en 2009. Il a ainsi généré 1.376 milliards de dollars (979 milliards d'euros) d'activité dans les pays du G8, plus le Brésil, la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et la Suède.
En Suède, ce taux atteint 6,3%, contre 3,2% pour la France et 5,4% au Royaume-Uni. L'apport au PIB est inférieur à 4% en Chine, au Brésil et en Russie.
Le e-G8 devrait difficilement déboucher sur des annonces concrètes au niveau mondial concernant des sujets sensibles et stratégiques, comme le stockage d'informations personnelles, ou le financement de nouvelles infrastructures.

Une vision purement économique

Certaines associations, comme l'altermondialiste Attac, ont dénoncé la vision purement économique du e-G8 et le fait que la société civile et les utilisateurs d'internet ne sont pas représentés.
"Ce Forum est un écran de fumée. Sous couvert d'un processus pseudo-consultatif, c'est la volonté affichée par les gouvernements de contrôler un peu plus internet qui se profile", déplore Jérémie Zimmermann, porte-parole de l'organisation citoyenne La Quadrature du Net.
Si internet peut embarrasser Etats et gouvernants, comme l'ont montré les révélations du site Wikileaks, c'est un tout autre visage de l'internet que l'Elysée veut mettre en avant.
"Le thème de la liberté sur internet aura une dimension fondamentale" lors du G8, affirme ainsi la présidence française. "Il est clair que l'internet sous toutes ses formes a joué un rôle probablement décisif, que ce soit dans la révolution tunisienne ou dans la révolution égyptienne", selon elle.

(Challenges.fr)

http://hightech.challenges.fr/actualites/20110523.CHA6139/e-g8-sarkozy-v...