La presse quotidienne régionale, courage !

Publié par Ferdy le 28.04.2011
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Ce matin, peut-être à court d'arguments, je m'étais plus ou moins promis de rédiger une rubrique locale, d'après ce qui aurait pu émerger à la lecture du quotidien régional dont je préfère taire le nom. C'est celui de cette province ensoleillée où il est banal d'entendre, aux heures les plus chaudes de l'Eté, les stridulations des cigales.

Bref, autant dire que je partais à l'aventure. On me reprochera une fois encore mon élitisme supposé, qu'à cela ne tienne, j'assumerai mon penchant naturel vers des lectures en phase avec l'actualité même la moins désirable.

Que pouvait-on lire en Une ? Une victoire d'un club de foot, si, si. Je ne mens pas. L'OM s'était hissé quelque part en haut du podium de la ligue 1, face à (?). Une série d'analyses, d'interviews exclusives et autres témoignages percutants venaient étayer ce miracle qui, par son irrésistible ascension, reléguait la sanglante répression syrienne en brève de comptoir page 12. Pas ma faute si je n'ai jamais pu m'intéresser à ce sport que je croyais réservé à l'expression d'un chauvinisme des plus crétins.

A y regarder de plus près, c'est le régionalisme le plus exacerbé qui se développe dans un fanatisme auprès duquel les combattants d'Al-Qaïda apparaissent comme une douce et paisible communauté religieuse.

A tel point que je me suis demandé si je ne m'étais pas égaré dans les liens, pour aboutir au site officiel de ce club sportif.

Que nenni. Je me trouvais bien en première page du régional. La preuve : en centre ville, neuf platanes condamnés à l'abattage, porteurs d'une maladie très répandue dans cette spécialité. C'est vrai que sur le coup, on se dit mince, encore des arbres en moins, la menace écologique nous guette et tout le tintouin. Or, à moins d'avoir à souffrir d'une sensiblerie particulièrement handicapante à l'égard du platane, la disparition de neuf d'entre eux, même à proximité, ne devrait pas être la cause d'une douleur inconsolable.

Je dois avouer qu'en cet instant de ma lecture, je sentais mon défi rédactionnel s'étioler. Un bandeau publicitaire animé vantait le charme du Limousin "à moins d'une heure de vol de chez vous". Un peu plus loin, il était question d'un procès en cour d'assises condamnant deux violeurs à des peines allant de 10 à 15 ans de prison. De son côté le Préfet affichait son mécontentement, en termes choisis. Selon lui, les casinos de la région attiraient les braqueurs car ceux-ci détenaient des sommes d'argent beaucoup trop importantes. Il est certain, sans être un professionnel de la profession, que j'aurais plutôt tendance à tenter ma chance de braqueur même novice dans un casino en fin de soirée que dans un salon de coiffure à l'heure du thé. Quitte à devoir m'équiper en armes lourdes. 

Qu'avions-nous encore au menu ? C'était un tel bric-à-brac de faits divers, je ne suis pas sûr de me souvenir de tout. On nous annonçait des nuages (je les observais de ma fenêtre). En cherchant un peu, il était facile de retrouver les numéros gagnants du Loto, les téléphones utiles en cas d'urgence, l'astrologie et la page télé.

Au final, j'ai pensé que si la majorité de la population était abonnée à ce quotidien, que l'on trouve absolument partout, de l'épicerie au bureau de tabacs, avec un poste de télévision inexorablement bloqué sur tf1, alors il était facile de comprendre le score exceptionnel du parti populiste de l'extrême, qui semble déjà lui être acquis lors du prochain scrutin électoral. 

Car à ce rythme-là, ce n'est pas tant le nationalisme qui nous guette, mais le régionalisme le plus belliqueux, avec son idéal de repli borné qui verrait le retour des frontières douanières calquées sur celles des premiers Capétiens.

Commentaires

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moi non plus,

mais tout de même : la FFF est soupçonnée depuis hier de procéder (Mediapart) à une sélection des joueurs en fonction de leur couleur de peau... c'est beau le sport !

Portrait de Ferdy

quelle ambiance ici bas ! (mars 1936)