MAGNIFIQUE BRAVO J. AUDIARD

Karla Sofía Gascón, première femme trans primée à Cannes : "Il est temps pour nous d'arrêter de dire femme trans, nous sommes des femmes"

L'actrice, officiellement la première femme trans à remporter un prix à Cannes, avoue qu'elle est bouleversée, heureuse et impatiente de voir ce qui se passera aux Oscars... Pour l'instant, elle a déjà reçu un appel d'Almodóvar.

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Karla Sofía Gascón remporte le prix de la meilleure interprétation. VALÉRY HACHEAFPLuis MartinezCannesCannesMis à jourdimanche 26 mai 2024 - 00h40

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Il est temps de le dire. C'est un peu gênant à cause du cliché, à cause du manque d'imagination, à cause des faux lieux communs... Mais il n'y a pas d'autre choix. Une star est née. C'est dit. Karla Sofía Gascón a dû attendre ses 52 ans pour se voir au sommet ; se voir devenir la sensation du festival de cinéma le plus important au monde. À proprement parler, ce qui arrive à cette femme d’Alcobendas n’est pas entièrement nouveau. Quelque chose de similaire a déjà été vécu au Mexique lorsque le film « Nosotros los nobles », de Gary Alazraki, a été propulsé par hasard du succès à la production la plus rentable du Mexique jusqu'à sa sortie en 2013. Mais cette histoire de Cannes est différente ; C’est mondial.

"En fait, j'ai l'impression de revivre toute l'excitation du succès. Cependant, l'excitation et les nuits sans presque dormir me disent que c'est autre chose. Je viens du Real Madrid, j'attends la finale de la Ligue des Champions et le "L'impression que j'ai, c'est que je suis dans les tirs au but depuis trois jours." Avez-vous l’impression d’avoir marqué l’histoire en étant la première femme trans à remporter ce prix ? "Je ne ressens rien de différent. Je suis une personne normale. Il est peut-être temps d'arrêter de parler de femme trans et de parler simplement de femme. Nous ne sommes pas diversifiés. Nous sommes pareils à tout le monde. Mais ne vous méprenez pas. J'aime utiliser le terme trans comme justification parce que nous avons été et sommes un groupe en permanence dénigré et insulté". Il s'arrête, prend une seconde et continue : "L'autre jour, j'ai eu l'idée de partager une nouvelle sur les réseaux sociaux et j'ai dû la supprimer à cause de la haine qu'elle générait, à cause des commentaires complètement insultants."

Karla Sofía Gascón est désormais officiellement la protagoniste d'un film, 'Emilia Pérez, de Jacques Audiard, qui a remporté deux prix, et non un, au palmarès officiel de Cannes. En vérité, ils constituent encore plus une récompense. L’un est le prix du jury et l’autre le prix de l’actrice, mais au pluriel. Le jury présidé par Greta Gerwig a décidé que le prix reviendrait à toutes les interprètes : Karla, Zoe Saladaña, Selena Gomez et Adriana Paz.

Sur scène, avec son prix en main, Sofía a eu le temps de prononcer un discours de protestation en anglais, français, espagnol ou autre. "Et bien sûr, [je le dédie] à toutes les personnes trans qui souffrent toute la journée (sic) de la haine et de la façon dont elle nous dénigre." Et il a ajouté : "Demain, les nouvelles que vous voyez ici seront pleines de gens qui diront les mêmes choses terribles que toujours." Et cela dit, il a laissé une phrase à retenir : "Comme avec Emilia Perez, nous avons tous la possibilité de changer, d'être de meilleures personnes, alors voyons si vous changez, salauds (sic) . "

Karla avoue qu'elle ne sait pas si les choses vont changer à partir de maintenant. "Je ne sais pas, j'imagine que maintenant je vais acheter une voiture électrique." Karla n'ose pas avouer de quels appels de félicitations elle est la plus fière. Mais il le dit. "Je sais qu'Almodóvar voulait me parler, mais comme je suis resté sans téléphone toute la journée, j'imagine que s'il a appelé, il a dû parler à ma fille." Karla voyage avec sa fille qui l'a connu comme père, comme Carlos, et maintenant comme mère aussi. Et il continue avec Almodóvar : "Qu'est-ce que je vais dire ? Ce que j'aimerais le plus, ce serait travailler avec lui. Je l'adore au point que je lui ai dédié un de mes livres." Karla refuse d'oublier une seule seconde de ce qu'elle vit en ce moment. "Il y a quelques instants, j'étais assis à côté de George Lucas. Le Retour du Jedi a été l'un des premiers films que j'ai vu de ma vie. Je me souviens encore d'avoir fabriqué des sabres laser avec des tubes fluorescents."

Et à ce stade, Karla nous programme pour le futur immédiat. "Nous verrons ce qui se passera. Mais je n'exclus rien..." Les Oscars ? "Eh bien oui, pourquoi pas, les Oscars", conclut-il. Quoi qu'il en soit, il y a beaucoup de films qui valent la peine d'être vus cette année, mais un seul qu'il faut voir par nécessité et pour ne pas être laissé de côté dans toutes les conversations d'après-dîner qui viendront. Karla est Emilia Pérez ou, comme Bayona l'a dit lors de la remise du prix, Vive le Mexique... salauds !