mercredi 13 août

Publié par moajdi le 13.08.2008
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Ca commence fort ! Deuxième billet et déjà en retard ! Mais que voulez-vous, hier soir, rentrant du hammam, j'étais moulu, vanné, vide d'énergie. Mon corps me réclamait une grosse tranche de sommeil que je n'ai pas eu le cœur de lui refuser. De fait, je poste ce billet en retard mais, en revanche, l'énergie s'écoule paisiblement, sans entraves au travers de mon corps qui se réveille, libéré de je ne sais quelles tensions.

 

Je dois avouer que j'ai été un peu déçu, hier, par la clientèle présente. J'y allai pour la première fois avec une récente connaissance, désireux de lui faire découvrir les joies d'un hammam traditionnel (celui où on se lave, pas celui où on drague) et patatras ! les habitués, sans doute en vacances, étaient remplacés par une bande de pedzouilles solitaires, squatant avec l'air « aimable » qui constitue l'essentiel de leur virilité les espaces dévolus au soin du corps, visiblement bien décidés de transposer en ce lieu leurs comportements habituels de barbares en terrain conquis sans un instant s'enquérir des règles en usage. L'ambiance, généralement calme et bon enfant, s'en est ressenti, contenant à contre cœur la lasse impatiente de ceux qui attendaient une stalle libre pour procéder à la suite de leur ablutions face à ses statues de bêtise plus préoccupées de l'effet qu'elles espéraient produire que de convivialité. Même le « ohm » qu'un habitué yogi, profitant de l'acoustique particulière de ces voûtes, lance régulièrement s'est étranglé.

 

Le personnel, décontenancé par l'absence de celui, sans doute en vacances, qui a la charge de réguler l'usage des lieux en fonction des desideratas des uns et des autres, ce serviteur à l'autorité de prince, regardait d'un air triste l'humaine compassion fuir le lieu.

 

Mon compagnon, guère moins homosexuel que moi, perçut lui aussi ce malaise diffus mais n'eut aucun mal à en identifier la cause.

 

Dans la rêverie qui accompagne le thé et le petit moment de relaxation consécutifs, enfermé dans les arabesques ternies et dans le chant monotone de la fontaine de la salle de repos, je pensais à l'étrange homo-érotisme de ces moments de regroupements masculins, intégré dans la structure même de cette société à la civilisation plus que millénaire, qui ne se pose ni la question d'un anonymat, ni celle d'une visibilité puisque le secret y est collectif et dont le délicat équilibre se voit mis en péril par quelques barbares convaincus que leur consumérisme triomphant est signe de raffinement. Je ne puis m'empêcher de faire quelques parallèles avec d'autres lieux que je fréquente depuis peu avec assiduité, à savoir ici.

 

Mon compagnon, lucide, a donc pris rendez-vous avec moi pour y revenir semaine prochaine, ayant malgré tout perçu les aspects envoûtants de ces moments.

 

Et je continuerais à y aller, posant a mon habitude sur les « sûrs d'eux-même » mon regard que certains trouvent hautain, trop peu guerrier pour leur répondre au coup par coup, déjà conscient qu'ils auront abandonné la place pour aller porter ailleurs leur vanité de conquérants, afin d'y retrouver ces humbles silencieux qui sont capables de vous répondre d'un sourire lorsqu'ils n'ont pas compris le sens de vos paroles.