Pourquoi bloguer ?

Publié par Ferdy le 23.04.2011
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Essayons de tracer le portrait ou la caricature du blogueur actif. Au hasard, ma pomme. Il vit seul, à la lisière d'un champ de blé, mais jamais loin de l'autoroute. La petite ville où il a choisi, sans choisir, de s'établir à la périphérie d'icelle est classée 11ème au palmarès des déclarants à l'ISF sur le score des 50 premières pointures fiscales (3.000 foyers assujettis en 2009 sur un effectif global de 146.050 âmes, soit un peu plus de 2,05% du cheptel municipal)

Lui n'est pas imposable avec son AAH, les séances de cinéma, les achats de livres, l'alimentation et les fringues, tout est compté, géré comme dans une PME du nord Soudan. Il est encore assez heureux d'avoir pu faire l'acquisition de deux PC, un 17" et un notebook 10" ultra-portable, au cas où il partirait un jour en vacances. En se privant du strict nécessaire, il est même parvenu à s'équiper de quelques accessoires, parmi lesquels un camescope full HD dont il est si fier que c'est à peine s'il ose le sortir (la convoitise du voisinage.) Chaque mois, il est satisfait de voir que sa banque a honoré le prélèvement automatique de son FAI, il a renoncé au téléphone portable qui ne lui était au final d'aucune utilité. 

Passant l'essentiel de son temps à lire les journaux en ligne (les quelques espaces résiduels encore offerts gracieusement), il parcourt le monde en action sans bouger de sa niche, il est même parvenu à considérer que cette existence recluse, pour ne pas dire austère, relevait d'une certaine aubaine. Du moins, c'est ce dont il essaie de se persuader quand il affirme ne pas avoir à subir les affres douloureuses de la frustration consumériste, assez largement répandue dans son quartier excentré.

Sans emploi depuis un nombre d'années devenu incalculable, il jouit de son temps libre à philosopher avec les mouches. Son état de santé précaire ne se trouve pas précisément au coeur de ses préoccupations, sans l'ignorer cependant, il se soumet à des bilans sanguins réguliers et avale son comprimé au coucher sans autre état d'âme. De sa vie active et palpitante d'autrefois, il lui reste encore quelques amis, le téléphone est là pour le lui rappeler régulièrement. Tout le reste, il l'effectue via son mail, car il a constaté qu'à titre personnel, chaque sonnerie venait le déranger au milieu d'une activité prioritaire, c'est pourquoi il confie à la messagerie la gestion de ses appels. Sa vie affective et sexuelle est totalement inexistante et heureuse.

Depuis qu'il s'est inscrit sur le site de Seronet, il a développé certaines connivences amicales. La question de la reconnaissance ne devant pas être trop rapidement évacuée, il est conscient d'agir parmi tant d'autres qui s'investissent au même titre que lui, sans développer un narcissisme démesuré et en évitant, comme dans sa vie, tout ce qui pourrait conduire à un conflit inutile qu'il regretterait par la suite. Peut-être abuse-t-il d'une expression consensuelle, mais jamais il ne viendrait à renier ses propres et intimes convictions.

Sa récente promotion de chroniqueur hebdomadaire sur le site ne lui confère aucune prérogative particulière, ni avantage d'aucune sorte. Consciencieusement, en fin de semaine, il essaie de réfléchir au sujet qu'il souhaiterait aborder, la rédaction lui laissant carte blanche, il tente de bien faire la distinction entre son billet d'humeur (vaguement documenté, enrichi parfois par quelques lectures en cours ou nourri par des faits d'actualité, etc.) et son petit blog le plus souvent égo-centré et livré dans un désordre insomniaque.

De son furtif passé journalistique, il a conservé certaines manies obsessionnelles, tant dans la rédaction que dans le recoupement de ses informations. Chaque coquille lui fait, a posteriori, l'effet d'un échec cuisant. Son engagement est sincère, il n'y a personne ici pour se pencher sur le flux d'un lectorat volatile, il n'y a pas d'annonceurs et la notion de retour sur investissement serait totalement incongrue. En échange, il reçoit régulièrement des compliments qui le confortent dans son expérimentation, il remercie parfois en mp, et s'il ne répond pas à de possibles détracteurs, c'est en application d'une règle déontologique, définie au préalable avec les coordinateurs du site, qui présente cet avantage immense de ne pas nourrir de vaines polémiques.

Contrairement à une idée largement répandue parmi les blogueurs qui sévissent sur des excroissances en ligne de publications commerciales, disponibles en kiosque, la notion de valeur ajoutée n'aurait ici aucune incidence. Il s'agirait plutôt d'une participation volontaire à l'évolution d'un bien commun, une implication modeste qui correspond à un engagement politique dans son sens le plus large. On pourrait, à juste titre, la qualifier de simple contribution subjective à but non lucratif.

Il a toujours pensé que donner c'était recevoir. A la question : "Pourquoi écrivez-vous ?", de nombreux auteurs auraient tendance à répondre "parce que je ne sais rien faire d'autre", au-delà de la fausse modestie du propos, on peut bien les croire, au moins partiellement, car il doit bien exister un bout de vérité à laquelle on s'attache, comme à une invalidité dont on ne saurait plus se passer. On ne se construit jamais plus solidement que sur nos failles et nos petites faiblesses inavouables.

Commentaires

Portrait de francis20250

bois un coup , a ma santé bye
Portrait de Ferdy

aux ivrognes !

Portrait de badiane

ce "il" ne nourrirait-il pas une certaine gêne de son passé d''aisé" financièrement, plus que la moyenne qui fréquente ce site, franchement, qu'est-ce que ça peut foutre? que tu sois issu d'un milieu aisé, du moment que tu n'es pas condescendant et toi, ferdy, quelqu'un qui derrière ses mots cachent une implication, une générosité; le racisme peut-être perceptible dans les 2 sens, même dans ce que l'on classe comme supérieur,même si il paraît qu'il vaut mieux faire envie que pitié, la pauvreté, la richesse (le film le goût des autres  avec chabat, jaoui, bacri, lanvin..exprime bien ce genre de sentiment et à l'inverse gabin dans archimède le clochard ou la traversée de paris, je ne sais plus, la scène ou il dit" saleté de pauvres")les hommes, les femmes, les gays, les homesexuelles, les handicapés, les biens portants, les étrangers, les européens, les caucasiens, mon chat noir, ma belle-soeur(encore elle), les blondes, les brunes,les intellectuels, les manuels... qu'est-ce que ça peut foutre de quel milieu on vient? c'est la personne qui compte. et tes chroniques ou billets comptent.

m'étonne pas que tu viens de la veine journalistique ça m'a traversé l'esprit, c'est vrai qu'a chacun de tes écrits, vaut mieux prendre le dico, car y a des termes qui pour ma part ne me sont pas accessibles, je viens d'un milieu populaire où le livre était inexistant et "abimaît les yeux", pendant mon enfance, j'ai entendu parler le patois ou une certaine déformation des mots, j'en garde une dyslexie, à l'inverse de toi, je suis une instinctive, une volontaire, d'où le nombre de bourdes que je fais, je fonce, je n'ai pas baigné dans la répartie, dans le bon mot au bon moment, on était des taiseux et un hum!suffisait à répondre, pourtant à l'approche de ma majorité, je me suis tirée vite fait et j'ai commencé par paris, c'est là que j'ai commencé mon" auto-culture", je me suis forgée seule cahin-caha, le cinéma de st germain des près m'a attiré, les vieux films, les bibliothèques, j'étais libre enfin de faire ce que je veux à l'heure que je veux, mon enfance proche de la nature et peu généreuse m'a permise de me contenter de peu, la tienne n'a pas l'air si enviable et si je ne me trompe pas,tu e as souffert,d'après les billets anciens où tu relates indirectement la froideur de ta mère.Et si je dois me ''manger'' le dico en long en large et en travers qu'importe ça me fait toujours plaisir de te lire, alors continue à écrire pas seulement pour toi, bon we pascale, badiane

Portrait de archibald

c tt a fait ca!Triste
Portrait de archibald

Innocent
Portrait de badiane

c'est le week end de pâques, j'ai mis en e en trop plus haut, c'est la veillée et la résurrection du christ; à+
Portrait de Meliah

  Moi ,je suis toujours dans l'expectative de tes contributions qui souvent sont lues par les mêmes et tant pis pour ceux qui voudraient des écrits en SMS !

 De rien ,tu réussis à faire beaucoup et un rien t'inspire davantage que la fureur du monde . Je ne dis pas par là que tu fais du nombrilisme mais il me semble que la politique ou les faits de société sont moins inspirants pour toi . Personnellement ,je préfère les descriptions de ton quotidien,celles de l'air que tu respires ou tes introspections qui n'ont pas l'air d'en être .

Comme le solitaire que tu es ,ta compagnie seule te suffit . C'est dur ça quand-même .

Moi aussi je vis en anachorète ,évitant de côtoyer mes semblables et je fais l'artiste 

à mon niveau . J'agis et je m'agite pour la seule satisfaction de l'accomplissement ;

je peins ,je tapisse ,je chine ,je fais des patchworks ,de la chaux avec incrustations de coquillages sur les murs,j'habille des miroirs ou des lampes de bois flottés ,j'invente des

rideaux ,je retape les vieux meubles ....Bref ,j'ignore l'ennui . Je m'auto-suffis et je caline mon homme comme mon bien le plus précieux .

Ma mère ressemble curieusement à la tienne . Autruche friquée et autoritaire .Mon malheur.

Un peu de gaieté dans ce site de plaignants .

bises à toi .

Portrait de filigrane

J'ai adoré "sa vie affective et sexuelle est totalement inexistante et heureuse". Je dois dire que je suis moi-même très heureux en ce moment....

Bises ami Ferdy