Sa sainteté et devenue muette !!!

Publié par jl06 le 12.09.2018
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Pédophilie : les silences coupables de l’archevêque de StrasbourgMonseigneur Luc Ravel (au centre), en 2011 (MARTIN BUREAU / AFP)INFO OBS. Il est partout dans les médias parce qu’il prône une révolution de l’Eglise dans son traitement des cas d’abus sexuels. Mais Monseigneur Luc Ravel a lui aussi son passé. Enquête.

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"Vous l’avez vu au JT de TF1 dimanche soir ? Mais comment ose-t-il endosser ce rôle de pourfendeur d’abus sexuels dans l’Eglise ? Lui qui a protégé mon agresseur ?"

Dans son petit studio d’une ville du sud de la France, David (1) ne décolère pas. Voir l’archevêque de Strasbourg, Monseigneur Ravel, interrogé dans tous les médias parce qu’il vient d’écrire début septembre une longue lettre pastorale (32 pages) sur l’Eglise et les abus sexuels, "ça ne passe pas". Non, ça ne passe pas. David a été abusé sexuellement de 13 à 18 ans, de 1987 à 1992, par un prêtre, l’abbé Griffond, qui venait le chercher dans sa famille d’accueil chaque semaine, "pour verser son sperme sur mon ventre". Il parle comme ça, David, pour évoquer ce qui l’a bousillé.

Les faits ont été jugés au tribunal civil, en 1996. Le prêtre a été condamné à verser 100.000 francs. David ne s’en est jamais relevé. Le jeune homme, musulman converti au catholicisme, qui rêvait de devenir prêtre, a basculé dans l’alcool, la rue, et se dit toujours incapable aujourd’hui, à 44 ans, de construire une vie affective. "Détruit". Détruit par ces agressions qui ont brouillé sa sexualité, son identité. Détruit doublement par la façon dont cette Eglise, qu’il aimait tant, a continué à protéger son bourreau.

"Après le procès, je croyais qu’ils allaient le sanctionner. Mais ils l’ont nommé au diocèse des armées !"

"Ils", c’est Monseigneur Jaeger, à l’époque évêque de Nancy, qui, après le jugement au civil, a exfiltré l’encombrant condamné de son diocèse. Ils, ce sont les évêques aux armées qui, pendant vingt ans, de 1996 à 2016, l’ont accueilli. Dans un document interne à l’Eglise que nous nous sommes procuré, Monseigneur Ravel lui-même confirme que tous les évêques aux armées ont été mis au courant du passé de l’aumônier : Monseigneur Michel Dubost, de 1996 à 2000, Monseigneur Patrick Le Gal, de 2000 à 2009, et Monseigneur Luc Ravel, donc, de 2009 à 2017. "Ses notations militaires sont remarquables et ses compétences le disposent pour un poste administratif à la direction de l’aumônerie catholique de l’armée de l’air", écrivait encore Monseigneur Ravel sur l’abbé Griffond, dans cette note du 10 novembre 2016.

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Pour les médias hostiles à l’Église, il y a les scandales sexuels “utiles” et les autresPar AuteurLaurent Dandrieu / Mardi 11 septembre 2018 à 22:1016Le pape François. Photo © Alberto PIZZOLI / AFP Le pape François. Photo © Alberto PIZZOLI / AFP 

Analyse. Les accusations portées par Mgr Viganò contre le pape n’intéressent guère les grands médias. Qui révèlent que leur intérêt pour les abus sexuels dans l’Eglise est à géométrie variable. 

« Le pape François est-il homophobe ? » À l’heure où le monde catholique ne bruisse que des accusations portées par un ancien nonce à Washington, Mgr Viganò, contre le pape François, qu’il accuse de complaisance vis-à-vis de certains prédateurs sexuels, mais aussi vis-à-vis des « réseaux homosexuels » qui ont selon lui infiltré l’Eglise, le titre de la page de tribunes publiée par le journal le Monde dans son édition du 11 septembre apparaît pour le moins surréaliste.

À l’heure où ce qu’on n’appelle plus que l’affaire Viganò a déclenché ce que les observateurs n’hésitent pas à qualifier de « guerre civile dans l’Église »,notamment aux États-Unis, cœur de l’actuel cyclone, où les évêques se déchirent sur la crédibilité des accusations portées contre le pape, la discrétion de la plupart des grands médias sur l’affaire est plus que frappante. Alors que, en temps normal, toute accusation de complaisance de l’Église vis-à-vis des prédateurs sexuels qui défigurent son visage fait les gros titres des médias, ici ils ont préféré s’interroger à longueur de colonne sur la dimension « homophobe », donc, du recours à la psychiatrie suggéré par le pape, dans l’avion qui le ramenait de Dublin le 26 août, aux parents dont de jeunes enfants se découvriraient des tendances homosexuelles. Au point que certains observateurs se demandent si cette « gaffe » du pape François (qui a fait depuis retirer le terme de « psychiatrie » des versions de l’entretien publiées sur le site internet du Vatican) n’était pas en réalité intentionnelle, certain qu’il aurait été que cette sortie provocatrice aurait détourné les médias d’une affaire autrement importante : la réalité des accusations portées par Mgr Viganò.

SUR LE MÊME SUJET Un évêque accuse le pape François d’avoir protégé un prédateur sexuel et dénonce le “lobby gay”

Dans un article publié sur le site de l’hebdomadaire Newsweek, le journaliste vedette américain Ben Shapiro s’étonne de ce manque de curiosité médiatique – à laquelle, en France, il n’y a guère que le Figaro pour faire exception, l'hebdomadaire La Vie y consacrant pour sa part son dernier dossier de couverture, mais sans enquêter sur la réalité des accusations, se contentant de déplorer la déstabilisation dont est victime François. L’explication de Ben Shapiro a le mérite de la simplicité, et donc de la clarté : « La honteuse tentative des médias de disculper François à cause de leur amour pour sa politique ne fait que souligner la malignité des motivations de bien des journalistes : ils étaient heureux de pouvoir révéler des comportements scandaleux dans l’Eglise catholique quand le pape était un conservateur ; et ils sont heureux de participer au camouflage de ces comportements quand le pape est un libéral » [« libéral » au sens américain, qui correspond à notre « progressiste », NDLR].

« Les membres des médias croient que la doctrine traditionnelle de l'Eglise doit être éliminée à n’importe quel prix, même au prix de l’abus sexuel sur des mineurs »

Et Ben Shapiro de poursuivre : « Si les membres des médias défendent avec constance un pontificat accusé de couvrir des abus sexuels, ce n’est pas par bienveillance à l’égard de l’Eglise, mais bien parce qu’ils croient que la doctrine traditionnelle doit être éliminée à n’importe quel prix, même au prix de l’abus sexuel sur des mineurs. »

En d’autres termes, la lutte contre les abus sexuels dans l’Église n’intéresserait pas en soi les grands médias, qui n’y verraient éventuellement qu’une arme commode dans leur lutte contre une Eglise perçue comme le dernier verrou résistant encore un tant soit peu à toutes les « libérations » progressistes de la modernité. Dans cette optique, il y aurait des scandales sexuels « utiles », dignes d’une utilisation médiatique massive, car ils permettraient d’affaiblir les éléments conservateurs de l’Église, et de faire pression sur elle pour qu’elle change son regard sur le célibat des prêtres ou l’homosexualité, par exemple. Et puis il y aurait les scandales sexuels « inutiles » ou néfastes, ceux qui au contraire, s’ils étaient mis en avant, menaceraient de fragiliser un pontificat vu par la bien-pensance médiatique comme un pontificat “d’ouverture” : ne parlons donc pas des accusations de complaisance vis-à-vis des prédateurs sexuels portées contre le pape François, car ce serait mettre en danger sa politique d’ouverture de la doctrine catholique sur le mariage, son action en faveur des migrants, ou les efforts de son entourage pour imposer un regard plus bienveillant sur l’homosexualité…

La vérité ne compte pas 

Mais, me direz-vous, quid de l’acharnement médiatique contre le cardinal Barbarin, accusé de choses bien moins graves que celles qui visent le pape François ? Mgr Barbarin ne se réclame-t-il pas, pourtant, d’une grande proximité avec François ? Certes, mais c’est aussi, du point de vue des médias dominants, un « conservateur » qui s’est distingué par une opposition sans ménagement au « mariage pour tous » ; ce que certains, sans d’ailleurs trop s’en cacher, sont bien décidés à lui faire payer.

Et les victimes, dans tout cela, souvent détruites à vie par les abus d’un prêtre en qui elles avaient placé leur confiance spirituelle ? Un coup les grands médias les prennent en pitié, un coup ils les oublient. Car, vous l’aurez compris, pour la bien-pensance dominante, l’important n’est pas là, et la vérité ne compte pas non plus : la seule chose importante est que l’Eglise se conforme au monde de telle sorte qu’elle ne puisse plus jouer son rôle de trouble-fête de la modernité festiviste. Cela vaut bien, sans doute, que quelques scandales sexuels soient gardés sous le boisseau…

  

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