Thomas Savage

Publié par Ferdy le 28.09.2009
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Thomas Savage, écrivain américain (1915-2003), ne laisse pas une nécro des plus fournies. Auteur de plus d'une douzaine d'ouvrages, seuls trois d'entre eux ont été traduits en français, dont celui dont il sera question ici : The Power of the Dog (1967) (Le pouvoir du chien, trad. 2002, éd. Belfond.)

Je l'ai lu hier et je dois dire que cette lecture, commencée dans la perplexité, s'est achevée par une gifle. Première phrase : "C'était toujours Phil qui se chargeait de la castration." Evidemment, on se dit, ouh la la (en français), c'est mal barré.

L'histoire se situe en 1924 et se présente, a priori, comme un western grandiose, flanqué d'un suicide et des déboires d'une veuve avec enfant à charge. Ambiance de saloon, ranch, vie quotidienne au grand air, avec pour protagonistes le bétail, deux frères aussi opposés que complémentaires, tout baigne dans la sueur virile et le gras-double jusqu'au jour où l'un d'eux épouse la petite veuve. Les ennuis peuvent enfin commencer. Et c'est ici que j'interromps l'esquisse d'un tableau qu'il serait dommage de dévoiler, tant le développement de l'intrigue est là pour déconcerter le lecteur pressé de saisir ce qui en fait l'attrait.

Si l'homophobie exacerbée offre, on le sait, la voie béante, lubrifiée, à tous les démons homosexuels refoulés, Thomas Savage parvient à distiller un poison d'une rare efficacité qui non seulement déconcerte, mais témoigne d'une précision de médecin légiste pour accabler le puritanisme d'une société féodale et cruelle.

Je crains que le modeste succès de cet ouvrage soit inversement proportionnel à la profondeur du propos qu'il assume sans concession.

J'en étais hier soir si perturbé, ou tellement imprégné, qu'en essayant d'en parler rapidement à un copain (straight), au téléphone, j'ai parlé d'un "film"... ce qui en disait assez long sur mon état de confusion.