Un drame surréaliste se joue ,

Publié par jl06 le 13.03.2020
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À Paris, une soixantaine de soignants testés positifs

 

      56 soignants des hôpitaux de Paris ont été testés positifs au nouveau coronavirus jeudi 12 mars, selon les informations de BFM TV. Mercredi, un médecin en internat du CHU de Nantes a été contaminé par le Covid-19. En France, outre des médecins généralistes, d'autres membres du personnel de santé ont été aussi contaminés en milieu hospitalier, dont trois membres du personnel soignant de l'hôpital Tenon à Paris, a précisé l'ARS.
      

 Potentiellement 100 000 cas dans l'Ohio

 

      L'État de l'Ohio pourrait d'ores et déjà compter plus de 100 000 personnes atteintes du nouveau coronavirus, a déclaré une responsable des autorités sanitaires de cet État du nord des États-Unis. S'exprimant lors d'une conférence de presse jeudi aux côtés du gouverneur Mike DeWine, la directrice du département de la Santé de l'Ohio, Amy Acton, a déclaré que l'Etat enregistrait des cas de transmissions "communautaires" du virus, c'est-à-dire localement au sein de la population, et non via des personnes ayant voyagé dans des zones infectées. "D'après ce que nous savons de comment fonctionne la transmission communautaire, au minimum 1 % de notre population est porteuse du virus dans l'Ohio aujourd'hui", a déclaré Amy Acton. "Nous avons 11,7 millions d'habitants. Donc, en faisant le calcul, cela fait 100 000. Cela vous donne une idée de la manière dont le virus se propage, et se propage rapidement", a-t-elle ajouté.      

 Coronavirus : Washington, entre panique et inertie

 

      

Toutes les informations numériques de La Stampa Coronavirus, le tutoriel du pharmacien: "Voici comment faire un masque DIY en 2 minutes"

Coronavirus, le tutoriel du pharmacien: "Voici comment faire un masque DIY en 2 minutes"

 Les masques sont rares. Et qui devrait les vendre, mais qui les a épuisés, ne démissionne pas. Surtout si elle fait un service public. Ainsi, un pharmacien de Villanova Mondovì, Luca Somà, a posté une vidéo qui devient virale. «J'ai pensé à une alternative valable à tous ceux qui m'ont demandé un masque ces jours-ci - explique-t-il. Pour le moment, ils ne peuvent pas être trouvés. Et ceux qui s'y trouvent ont des prix stellaires ». Et il continue: «En ces jours, j'ai vu des gens avec des masques en papier parchemin». Ce dont vous avez besoin: ayez seulement 10 gazes non tissées, un film transparent, des ciseaux, une agrafeuse et des bandes élastiques à la maison. Deux minutes de préparation, une procédure très simple, et le résultat: une gaze qui recouvre complètement le nez et la bouche. "Une sorte de masque à faire soi-même - poursuit le pharmacien en vidéo - mais très utile si nécessaire". Clarifier les doutes sur son utilisation: «Tous les masques sont à utiliser 24h / 24 et doivent être jetés. Cela aussi doit donc être refait tous les jours. Les autres masques tels que ceux en tissu même s'ils sont lavés ne sont pas hygiéniques, il vaut mieux les refaire tous les jours, sinon vous risquez de respirer normalement de l'air non filtré ». Organisé par Chiara Viglietti blob:https://video.lastampa.it/6cf6b65e-11b3-47e6-bd3f-491dd7f7c115  

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Traitement contre le Coronavirus : découverte encourageante du laboratoire VirPath à Lyon

 les pistes de traitement examinées par le laboratoire Virpath à Lyon / © France TV

Coronavirus : les pistes de traitement examinées par le laboratoire Virpath à Lyon / © France TV

A Lyon, le laboratoire VirPath vient de publier les résultats de son travail. Spécialiste du "repositionnement" de médicaments, il teste des médicaments déjà existants contre les infections virales. Une combinaison de médicaments aurait prouver son efficacité pour combattre le Coronavirus Covid-19.

Par Dolores MazzolaPublié le 13/03/2020 à 13:08 Mis à jour le 13/03/2020 à 15:45

Le laboratoire lyonnais VirPath est spécialisé dans le "repositionnement" de médicaments depuis une dizaine d'années. Le principe: puiser dans la pharmacopée déjà existante et "en exploiter les effets secondaires". Depuis le débat de la crise, le laboratoire recherche des molécules déjà existantes, capables de lutter efficacement contre le coronavirus.  Les chercheurs de ce laboratoire travaillent notamment avec une "chimiothèque" composée de près de 1500 principaux médicaments, couramment utilisés dans le monde contre d'autres pathologies mais qui pourraient avoir un effet sur le Coronavirus Covid-19.

"L'idée est d'aller chercher - dans l'armoire à pharmacie en quelque sorte - les médicaments qui existent déjà sur le marché et de voir quel médicament pourra être utilisé pour traiter les infections provoquées par ce coronavirus,"  explique Olivier Terrier, chercheur CNRS - Laboratoire VirPath.

Le laboratoire effectue aussi des tests avec le Covid 19 sur des cellules de notre système respiratoire, sur les cellules qui sont spécifiquement ciblées par le virus.Des cellules pulmonaires attaquées par le covid 19 / © France tvDes cellules pulmonaires attaquées par le covid 19 / © France tv"C'est dans ces cellules respiratoires que le virus va se répliquer et se disséminer dans tout l'appareil pulmonaire," explique Manuel Rosa-Calatrava, Directeur recherche INSERM - Laboratoire Virpath.

Après six semaines de recherche, les scientifiques de VirPath ont identifié un médicament qui agit sur ces cellules respiratoires. En les stimulant, elles deviennent plus résistantes à l'invasion du Covid 19. L'efficacité pourrait être renforcée en associant le médicament à un traitement antiviral classique.

"Nos résultats aujourd'hui nous permettent de proposer une combinaise de médicaments qu'on a repositionnés et qui ciblent la cellule avec l'antiviral classique Remdesivir," explique Manuel Rosa-Calatrava, "cette combinaison semble donner des résultats avec un gain antiviral significatif."

"On a travaillé sept jours sur sept et aujourd'hui on a identifié un médicament, déjà sur le marché, qui a une identification thérapeutique n'ayant rien avoir avec l'anti-infectieux, et on l'a repositionné contre le Covid-19," a précisé ce midi Manuel Rosa-Calatrava. 

Le Laboratoire VirPath a fait une demande aux autorités sanitaires françaises afin de pouvoir lancer rapidement un essai clinique pour les malades hospitalisés dans un état grave. Un essai qui serait piloté à Lyon.

Il s'agirait "d'évaluer une combinaison de notre médicament repositionné avec le Remdesivir, de l'évaluer chez des patients, qui sont en réanimation et qui ont besoin d'un traitement." A qui s'adresserait ce traitement thérapeuthique ? "A des patients dont le pronostic vital est engagé, pour qui aucun traitement validé , d'un point de vue pré-clinique ou clinique, n'est disponible," précise le chercheur. Coronavirus : les pistes de traitement par le laboratoire Virpath à LyonLe Directeur du Laboratoire VirPath, Manuel Rosa-Calatrava, a également indiqué que des recherches "beaucoup plus ambitieuses" sur les moyens thérapeutiques de lutter contre le Coronavirus Covid-19 se poursuivent; toujours avec cette stratégie de repositionnement de médicaments développée par VirPath. Pour accéléter ces recherches, le laboratoire lyonnais, comme d'autres, a reçu des financements de l'Inserm.
"Localement à Lyon, on a eu un soutien très important de l'Institut Mérieux et d'Alain Mérieux qui est venu au laboratoire soutenir l'équipe," a conclu Manuel Rosa-Calatrava. L'Italie teste un médicament contre le coronavirusL'Italie teste un médicament contre le coronavirus 

Il s'agit de la première étude à évaluer l'efficacité du remdesivir contre Covid-19. Le protocole sera utilisé dans divers centres italiens

13 mars 2020 Conçu et testé pour lutter contre le virus Ebola, le remdesivir s'avère être l'une des armes avec lesquelles les médecins peuvent combattre le nouveau coronavirus. Son utilisation, ainsi que celle de toutes les autres molécules utilisées, est "compatissante": le médicament, c'est-à-dire, n'a pas été étudié pour traiter Covid-19, une maladie jamais identifiée avant le début de cette année, mais est utilisée pour le traitement d'urgence de patients isolés dans des conditions graves et sans alternatives thérapeutiques valables car il a montré empiriquement une certaine efficacité.L'expérimentationMaintenant, cependant, il sera étudié dans le cadre d'un essai clinique, le premier pour les thérapies anti Sars-Cov-2, à partir duquel il sera possible d'obtenir des données utiles pour comprendre comment cela fonctionne et son efficacité. Cela a été annoncé par l'AIFA et Gilead Sciences, la société qui le produit, indiquant également les premiers centres qui seront impliqués en Italie: l'hôpital Sacco de Milan, la polyclinique de Pavie, l'hôpital de Padoue, l'hôpital universitaire de Parme et l'Institut national des maladies infectieuses Lazzaro Spallanzani de Rome.
Le médicament«Le remdesivir est l'un des rares médicaments pour lesquels nous disposons de preuves d'efficacité, mais uniquement sur des modèles de laboratoire, contre les coronavirus», explique Massimo Galli, directeur de la division clinique des maladies infectieuses AO-Polo Univ. Luigi Sacco. Avant l'urgence de ces semaines, en effet, il avait été utilisé contre l'épidémie de Mers, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient, également déclenché par un coronavirus. "Dans la situation de manque total de médicaments spécifiques, l'utilisation compassionnelle du remdesivir a donné un espoir possible pour l'identification d'une thérapie qui pourrait avoir une efficacité même chez les patients infectés par Sars-CoV-2", poursuit Galli. "Il est clair, cependant, que chez les patients atteints d'une infection avancée, il n'est pas facile de déterminer le degré d'efficacité dans un contexte d'utilisation compassionnelle, par conséquent, les données qui proviendront des protocoles d'essais cliniques seront extrêmement importantes ". En d'autres termes, l'objectif est d'avoir une thérapie standard, décidée sur la base de données scientifiquement solides.Les étudesDeux études ont été lancées pour évaluer une durée de traitement différente. Les deux évalueront l'efficacité du remdesivir chez deux groupes de patients, ceux atteints de pneumonie à coronavirus associée à une insuffisance respiratoire et ceux atteints de pneumonie mais sans altérer la saturation en oxygène. «Cela nous permettra de déterminer avec une certitude raisonnable la validité de l'approche thérapeutique même chez les patients sans compromis par rapport à la norme de soins, c'est-à-dire aux autres options que nous utilisons actuellement», conclut Galli. "Le remdesivir est le premier protocole de recherche contrôlé qui est effectué pour déterminer l'efficacité d'un médicament dans cette condition clinique spécifique".
 

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Lombardie, plus de 700 en réanimation Gallera: «Voisins au point de non retour» Controverse avec Borrelli sur les masques  par Cesare Giuzzi et Fiorenza Sarzanini Au cours des dernières 24 heures, 85 autres patients ont été admis en réanimation. Une charge presque double par rapport aux 40-45 nouveaux cas enregistrés ces dernières semaines

 

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Coronavirus : les simulations alarmantes des épidémiologistes pour la France

« Le Monde » a pris connaissance d’estimations sur l’impact du virus, effectuées par les scientifiques qui conseillent l’Elysée. Cette projection évalue le scénario le plus sombre, avec les hypothèses de mortalité les plus élevées et en l’absence de mesures radicales de prévention.

Par  et  Publié aujourd’hui à 12h47, mis à jour à 15h09

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Dans un bureau de vote de Toulouse, dimanche 15 mars

 

Dans un bureau de vote de Toulouse, dimanche 15 mars VINCENT NGUYEN POUR "LE MONDE"

Le Covid-19 sera-t-il au XXIe siècle ce que la grippe espagnole a été au XXe siècle ? C’est en tout cas le scénario le plus alarmiste sur lequel a travaillé le conseil scientifique, ce groupe de dix experts mis en place mercredi 11 mars à la demande du président de la République « pour éclairer la décision publique ». Selon ces modélisations confidentielles, dont Le Monde a eu connaissance, l’épidémie de Covid-19 pourrait provoquer en France, en l’absence de toute mesure de prévention ou d’endiguement, de 300 000 à 500 000 morts. Précision extrêmement importante : ce scénario a été calculé en retenant les hypothèses de transmissibilité et de mortalité probables les plus élevées, et ce en l’absence des mesures radicales de prévention et d’éloignement social qui viennent d’être prises. Dans ce cas de figure, entre 30 000 et 100 000 lits de soins intensifs seraient nécessaires pour accueillir les patients au pic de l’épidémie.

Cette modélisation a été réalisée par l’épidémiologiste Neil Ferguson, de l’Imperial College à Londres. Son équipe a été sollicitée par plusieurs gouvernements européens pour établir différents scénarios de progression de l’épidémie. Elle s’appuie sur l’analyse de différentes pandémies grippales et l’évaluation de différentes interventions possibles pour endiguer la propagation d’un virus, comme la fermeture des écoles, la mise en quarantaine des personnes infectées, ou encore la fermeture des frontières.

Les résultats pour la France ont été présentés jeudi 12 mars à l’Elysée. Quelques heures avant que le président ne prenne solennellement la parole devant les Français pour expliquer « l’urgence » de la situation. Il existe des incertitudes quant aux hypothèses retenues et au comportement du virus – pourcentage d’asymptomatiques, transmissibilité, impact des mesures de quarantaine – mais « même en divisant par 2, 3 ou 4, c’est une situation très sérieuse », insiste Simon Cauchemez, l’épidémiologiste de l’Institut Pasteur qui a présenté ces modélisations. « S’il y a une situation où je serais heureux que les modèles se trompent, c’est celle-là », ajoute le scientifique en insistant sur le fait que les observations de terrain coïncident avec les prédictions du modèle et ont tout autant concouru au processus de décision.

Doublement des cas toutes les 72 heures

Invité à réagir à ces chiffres, l’Elysée confirme que différentes modélisations ont été présentées jeudi matin puis jeudi après-midi à Emmanuel Macron par le conseil scientifique, mais qu’il n’existe pas de consensus parmi les scientifiques qui le composent. « Il y a eu plusieurs documents de travail qui ont été présentés, pas de document de synthèse, explique un conseiller du chef de l’Etat. On ne peut donc pas considérer qu’une étude fournie par l’un de ses membres reflète l’avis du conseil scientifique dans son ensemble. » C’est sur la base de ces échanges que le chef de l’Etat a décidé de fermer les établissements scolaires. « Mais si l’un des scientifiques avait mis son veto à l’une des mesures envisagées, cela aurait été pris en compte. Cela n’a pas été le cas », explique-t-on à l’Elysée.

Ce conseil scientifique a été de nouveau consulté samedi matin par le premier ministre, Edouard Philippe, et le ministre de la santé, Olivier Véran. C’est à la suite de ces échanges, et devant l’accroissement du nombre de cas de Covid-19, que l’exécutif a décidé d’étendre les fermetures à tous les commerces non alimentaires hors pharmacies. « Mais les chiffres évoqués [de 300 000 à 500 000 morts en cas d’absence de mesures d’endiguement] sont infiniment supérieurs à ceux communiqués par le ministère de la santé, ils apparaissent disproportionnés », affirme l’Elysée.

Synthèse des travaux du conseil scientifique

Selon nos informations, le gouvernement devrait présenter au plus tard lundi une première synthèse des travaux du conseil scientifique, tels qu’ils ont été exposés samedi au premier ministre. « Nous avons demandé au conseil de nous rendre un document dimanche soir et nous le communiquerons lundi au grand public », explique-t-on au cabinet d’Oilvier Véran. « Il y aura désormais un document publié après chaque réunion, reprenant les conclusions des membres du conseil scientifique », indique-t-on à l’Elysée. Une décision prise pour éviter les procès en dissimulation, qui fleurissent sur les réseaux sociaux.

Ces estimations ont permis de réaliser que les premières dispositions prises par les autorités françaises pour tenter de freiner la vague épidémique – notamment les limitations des rassemblements et l’isolement des personnes âgées – s’étaient avérées insuffisantes. Le nombre de cas de Covid-19 double maintenant toutes les 72 heures et 300 personnes sont déjà hospitalisées en réanimation. Dans les régions où le virus est le plus présent, les services de réanimation font depuis quelques jours face à un afflux de patients graves, et redoutent de ne plus pouvoir faire face si le rythme de l’épidémie ne ralentit pas. Mardi 10 mars, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a annoncé que 5 000 lits de réanimation étaient disponibles en France et 7 364 lits dans les unités soins intensifs. Mais ces capacités risquent d’être vite débordées.

Article réservé à nos aboDans l’urgence, des mesures de confinement exceptionnelles ont été annoncées par le chef de l’Etat et le premier ministre, dans deux allocutions prononcées à seulement 48 heures d’intervalle. Vendredi soir, la totalité des écoles françaises ont fermé leurs portes et depuis samedi minuit tous les commerces, cafés, restaurants et cinémas ont aussi tiré le rideau. Avec le passage officiel au « stade 3 » de l’épidémie et ces dispositions exceptionnelles, valables « jusqu’à nouvel ordre », le gouvernement espère enrayer la propagation du virus et « sauver des vies quoi qu’il en coûte », a assuré Emmanuel Macron dans son adresse aux Français le 12 mars. Le premier tour des élections municipales n’a, en revanche, pas été reporté, et les bureaux de vote ont ouvert comme prévu dimanche à 8 heures, malgré les mises en garde de certains experts.

« Ethique personnelle »

L’impact de ces mesures exceptionnelles est difficile à chiffrer. « Les modèles suggèrent que cela peut être suffisant pour endiguer la première vague de l’épidémie, mais cela dépend beaucoup du comportement des gens et de la façon dont ils vont appliquer ces consignes », souligne Simon Cauchemez, en rappelant que « dans un Etat qui n’est pas totalitaire, il s’agit d’une question d’éthique personnelle »« Cela peut faire mentir le modèle dans un sens ou dans l’autre », a-t-il insisté, appelant chacun à participer à cet « énorme effort ».

Cette dimension était au cœur du discours du premier ministre, Edouard Philippe, samedi soir : « Je le dis avec gravité, nous devons, tous ensemble, montrer plus de discipline dans l’application des mesures », a martelé le premier ministre. La communication en deux temps du gouvernement n’a, cependant, pas facilité cette prise de conscience. « C’est difficilement compréhensible. A force de faire dans la dentelle, on finit par faire des choses confuses », juge Xavier Lescure, infectiologue à l’hôpital Bichat et membre du conseil scientifique. « Mais il faut qu’on s’y habitue tous : ce qui est vrai un jour ne le sera pas forcément le lendemain ou le surlendemain et il faut qu’on vive comme cela plusieurs mois. »

« Tous ceux qui combattent la maladie supplient l’ensemble des Français d’appliquer les mesures annoncées » Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP

Dans tous les cas, l’effet de ces nouvelles mesures dites de « distanciation sociale » ne se fera pas sentir avant plusieurs semaines. « Compte tenu du délai d’incubation  cinq jours en moyenne  et de l’évolution de la maladie sur plusieurs jours, il faut s’attendre à une augmentation du nombre de cas graves au cours des deux-trois prochaines semaines », explique Simon Cauchemez. Lors d’une réunion de crise samedi soir, le modélisateur a présenté ce scénario à la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). De nombreux hôpitaux parisiens sont déjà à saturation, et des mesures d’urgence ont été prises en fin de semaine pour libérer de nouveaux lits, notamment en réanimation. « Tous ceux qui combattent la maladie soutiennent à 100 % les mesures qui ont été annoncées et supplient l’ensemble des Français de les appliquer intégralement pour éviter que les contacts se multiplient », a déclaré Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP, lors d’une intervention au journal télévisé de France 2 samedi.

Toute la difficulté consiste à calibrer la réponse, alors que les contours de l’épidémie sont encore mal définis. « C’est une situation nouvelle pour tout le monde. On n’a pas vu ce genre de choses depuis au moins une génération », souligne Simon Cauchemez.

Afflux de patients

Dans les hôpitaux, la tension est palpable. « Nous avons déjà 61 patients Covid hospitalisés, dont 20 en réanimation. Tous les lits sont occupés », constate le professeur Xavier Lescure. Lundi, il ouvrira la dernière aile de son service, soit 18 lits, pour accueillir les nouveaux malades. Les six derniers lits de réanimation seront aussi ouverts, et d’autres sont en train d’être installés dans d’autres secteurs de l’hôpital. « Le facteur limitant, ce ne sont pas les lits, mais le personnel soignant. Nous ne comptons pas les heures, mais nous manquons de médecins, d’infirmières et d’infirmiers », s’inquiète l’infectiologue. « Les personnes souffrant d’un syndrome de déficit respiratoire aigu requièrent une grande surveillance. », précise-t-il. Certains patients sont déjà sortis et bénéficient d’une surveillance à distance, mais l’hôpital est confronté à un afflux de patients de plus en plus sévères, dont l’hospitalisation pourra se prolonger sur plusieurs semaines.

Article réservé à nos abonnéDans ce contexte tendu, ce médecin regrette que de précieuses ressources soient encore consacrées à identifier des patients zéros et des chaînes de transmission, alors que le virus circule maintenant partout. « Dans certaines zones, cela n’a plus aucun sens. On va épuiser tout le monde à faire cela », s’alarme-t-il. « Les Anglais sont beaucoup plus pragmatiques : ils ont compris que cette première bataille était perdue et qu’on allait se faire passer dessus. »

« La parole politique n’a pas été à la hauteur » Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garche

D’autres médecins sont encore plus sévères. « La parole politique n’a pas été à la hauteur, juge Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garche. Ce n’est donc pas surprenant qu’il n’y a pas eu une très forte adhésion des Français aux mesures prises. Ils n’ont pas saisi l’urgence. Ils continuaient de se faire la bise dans la rue. Cela relevait de l’inconscience ! » Dans son établissement, le nombre de patients Covid augmente de 20 à 30 % par jour, et rien que dans la journée de samedi quatre nouveaux cas ont été hospitalisés en réanimation. « Nous sommes armés pour affronter la vague dans les deux trois jours qui viennent. L’enjeu est de tenir dans la durée », insiste-t-il.

D’autant que les mesures prises par le gouvernement ne régleront pas sans doute pas la totalité du problème « Avec des mesures fortes comme celles qui ont été prises samedi et une très forte implication de la population, on peut potentiellement éteindre la première vague », explique Simon Cauchemez. « Mais dans la mesure où il n’y aura pas suffisamment d’immunité, qui ne peut être conférée que par la vaccination ou par une infection naturelle, il peut y avoir une seconde vague, et la question des mesures à prendre se reposera, poursuit-il. C’est toute la difficulté de cette stratégie, qui n’avait jusqu’à présent jamais été envisagée pour un virus circulant de façon globalisée, en raison de son coût économique et social. »