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A l'occasion du décès de Mano Solo, j'écoutais J-L Romero qui disait que Mano Solo représentait un "symbole" de la vie avec le vih et de la lutte contre le sida...

 

Avons-nous encore besoin de ces symboles ? Quels sont ces autres pvvih-symboles ? Pourquoi en avons-nous encore besoin ?

 

                                      

Commentaires

Portrait de romainparis

des pvvih dans la société, pourquoi poses-tu cette question ? non pas que tu ne sois pas en droit de la poser mais pourquoi ? Serais-tu déconnecté de la réalité ?

Portrait de nathan

Ce n'est pas moi qui emploie le mot "symbole". C'est Romero. Les guillemets le signalent. Alors qu'on parle d'une banalisation de la maladie sida qui entre de plus en plus dans le droit commun avec pertes plutôt que profits, semble-t-il, - ce que signale les dernières contributions des Membres de Seronet à propos du vieillissement, par exemple, mais une mesure comme la "suppression" de l'aide à domicle à destination des pvvih par exemple aussi, etc -, on peut en effet se demander pourquoi les médias, les associations, d'autres... estiment encore nécessaire de mettre en avant des malades comme Mano Solo et d'en faire des "symboles" ? Et quand je dis "nous", c'est bien sûr nous les malades mais aussi nous tous, personnes humaines, potentiellement concernées par le vih. A quoi, à qui ça sert ? A quoi, à qui, c'est utile ? A nous malades, à d'autres ? Ou bien ce n'est qu'un alibi qui masque les véritables problèmes ?

Comme tout forum sur Seronet, on n'est ni obligé de le lire ni obligé d'y participer.

Portrait de filigrane

la réalité n'est pas parlante, elle est, ce qui ne suffit pas, et ce qui est même terrifiant. 

C'est un peu abstrait ce que je dis là mais j'y crois fort.

En tous les cas j'ai terriblement besoin de symboles pour m'appréhender moi-même, pour appréhender ce que vivent les autres.

La mort de Mano Solo me touche, aussi parce qu'elle me rappelle que je vais mourir. Et Mano Solo, parce que c'est un symbole, parce qu'il incarne donc quelque chose d'universel (c'est le propre d'un symbole), dit ça à d'autres, y compris à mes amis ou à ma famille, qui ont du penser à moi en entendant cette nouvelle, qui ont dû se rappeler la réalité que je vis, que d'autres vivent ici.. alors que le plus souvent, même en ma présence, ils l'oublient (et heureusement dans un sens). Mais c'est bien que des symboles leur parlent à ma place (Mano Solo, Romero..)

Billet un peu confus, inachevé.... mais il faut que je parte bosser.  Le débat est intéressant en tous les cas. 

Portrait de nathan

bonjour filigrane,

Je me suis dit exactement la même chose '(mais plus confusément) sur le fond que toi, tu ne l'exprimes en fin de compte très clairement :

"Et Mano Solo, parce que c'est un symbole, parce qu'il incarne donc quelque chose d'universel (c'est le propre d'un symbole), dit ça à d'autres, y compris à mes amis ou à ma famille, qui ont du penser à moi en entendant cette nouvelle, qui ont dû se rappeler la réalité que je vis, que d'autres vivent ici.. alors que le plus souvent, même en ma présence, ils l'oublient (et heureusement dans un sens). Mais c'est bien que des symboles leur parlent à ma place (Mano Solo, Romero..)"

Pour un "brouillon", c'est très pertinent.

Portrait de romainparis

Dès l'instant où des personnages publics affichent des particularités sociales rejetées par la majorité sociètale, ils font preuves de courage. Que certains l'utilisent ensuite pour "exister" me paraît accessoire et j'en connais très peu qui prennent ce risque, bien au contraire. Un inconnu n'aura jamais le même impact médiatique qu'un symbole. Par exemple, qu'une personne lambda fasse son coming-out sur sa séropositivité ou son homosexualité n'aura pas le même impact que si c'est un "zidane" qui le fait. Nous pouvons tous lutter contre les préjugés dans notre vie courante, et cela a une énorme utilité, mais restera limité à un cercle restreint. donc, je pense que nous avons besoin de symboles pour dépasser ce cercle. 

Portrait de maya

si les artistes parlaient du sida, solo ne serait plus si symbolique, il l'est parce qu'il est une des rares  personnes du show bizz à ne jamais avoir tu ce qu'il avait, ou prétexté autre chose.

Etant fils de Cabu en même temps, c'est plus simple que fils du général Bigeard. 

Solo avait aussi les stigmates du mec qui a essuyé les 1ers arv, donc aussi représentatif de la survie après les trithés dans lequel bcp se retrouvaient.

oui on a besoin de symboles sans doute que ce ne sera plus le cas quand on pourra dire j'ai le vih comme on peut dire j'ai du diabète...me semble que la route est encore longue.

bzz bzz 

Portrait de Osmin

 Pour moi Mano Solo n'était pas un symbole, car le propre d'un symbole c'est de réunir, d'établir une connexion entre deux réalités éloignées. Dans ce sens Mano Solo ne m'a permis aucune "connexion" particulière. En revanche il était une "icône", une "star" en langage plus actuel et en tant que tel il a joué un rôle pour des personnes qui sont habituellement sensibles à ce type d'image "sacrées", dont ils ont besoin pour se rassurer au cours d'une vie souvent triste et terne. Et là l'icône remplit, à mon sens, un rôle symbolique, en établissant un lien entre la réalité prosaïque du quotidien et une dimension transcendée du réel et de notre passage sur terre.

Bon c'est peut-être un peu confus, c'est tout à trac au réveil avant le petit déjeuner, et les pilules alors si ça vous parait confus n'm'en voulez pas trop.

Portrait de eris

 Que Mano Solo représentait un symbole, dans le sens où ce n'était pas un artiste très médiatisé.

Je suis d'accord avec Romain pour le fait que ce n'est vraiment pas le même impact lorsqu'une personne lambda annonce son statut sérologique que lorsque c'est une personne assez connue, et il y en a malheureusement trop peu qui le font, c'est donc que la peur est toujours présente, de la stigmatisation, des effets d'une telle annonce dans la vie privée et surtout publique pour les personnalités connues.

Au moins Mano Solo ne l'a jamais caché.

Mais combien sont-ils? Bien trop peu...et on l'apprend bien souvent à cause de leur mort et non de leur vivant ( quand on l'apprend).

Charlotte Valendrey l'a fait en 2005 tout comme Romero avant mais représentent-ils des symboles pour autant?

En tous cas, on a besoin de "symboles" vivants qui s'expriment publiquement sur la question, et qui soient visibles régulièrement pour q'un impact puisse se faire dans le public dit "non concerné", et pour toutes les pvvih.

 Ce qui fait cruelement défaut aujourd'hui,  puisque depuis l'arrivée des ARV, "on" a tendence à minimiser l'impact du vih et à le banaliser pour mieux  ne pas regarder en face la réalité, Notre réalité.

Le chemin pour l'acceptation totale de cette maladie semble encore long, tout comme l'est dans certains cas pour certaines personnes vivant avec un cancer.

La maladie dans l'inconscient collectif fait toujours aussi peur, et au final quelle qu'elle soit...

:-(

« Le but est le chemin lui-même. L'éternité est ici. » Soyons nous-mêmes, en toute circonstance.