Les ARV génériques, j’en pense quoi ?

29 Septembre 2015
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Pour le traitement de l'hépatite C, la commercialisation du Solvadi (sofosbuvir) à un prix exorbitant a conduit Médecins du Monde, début 2015, à déposer une opposition au brevet  sur le sofosbuvir auprès de l’Office européen des brevets, dans le but d’en améliorer son accès par des versions génériques. Concernant le VIH, seuls quelques traitements ARV (Combivir, Epivir, Viramune et Sustiva) sont disponibles en France sous une forme générique. La Thaïlande, le Brésil et l'Inde, à la faveur d'un régime plus souple sur les brevets, produisent depuis longtemps pour leur population, mais aussi pour le reste du monde et en particulier pour l’Afrique, des génériques qui sont dispensés via des programmes internationaux, dont ceux de l’Onusida. Si dans ces pays l'enjeu des génériques est d’abord celui de l'acccès aux traitements, en Europe et en France il est envisagé comme un moyen de réduire le coût des traitements pour les Assurances maladies. Les génériques sont en moyenne 60 % moins chers que les princeps et ces derniers baissent généralement de 20 % quand ils sont génériqués. Alors, quelle confiance accordez-vous aux ARV génériques ? Vous les a-t-on déjà proposés ou imposés, vous conduisant peut-être à abandonner un combo plus pratique à prendre ? Venez discuter molécules sur le chat thématique, mardi 29 septembre de 21h à 22h, en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Ce nouveau chat thématique, consacré aux ARV génériques, a attiré quelques séronautes et montré que ces génériques restent encore plutôt méconnus (certains ont découvert les génériques par la lecture de Remaides, ou un article de Seronet) : et seul un des 7 participants a reçu la proposition d'un médecin et ensuite fait l'expérience directe d'une prise d'un ARV générique se substituant à un comprimé "princeps", original ; pour les autres, les molécules génériquées et disponibles sont peu ou pas connues, et tous déplorent un manque d'information sur ces alternatives de traitement (mais également sur les ARV en général) et jugent que souvent même les médecins semblent aussi peu au courant. Si la proposition leur était faite, tous seraient partant pour remplacer un ou plusieurs ARV par la forme générique : sensibles au coût, voire au poids que leur traitement peut représenter pour la société, avec une efficacité garantie (par l'AMM) à l'identique, et si les excipients n'induisent pas d'effets indésirables supplémentaires dans les versions génériques, alors ils diront oui ! Mais certains craignent, à la lumière d'articles parus au moment de l'arrivée en France des génériques en 2013 que leur efficacité soit réduite : moins du fait des principes actifs eux-mêmes que de la nécessité d'abandonner aujourd'hui une prise unique quotidienne simple (avec un combo) pour revenir à des prises plus nombreux et contraignantes, donc une moindre observance, pouvant éventuellement générer des développements de résistances. Et effectivement, quand on a trouvé une bonne combinaison d'ARV, dans une prise facile, qu'on est à l'aise avec sa tri, la perspective de devoir changer, d'être confronté de nouveau à l'appréhension des bilans sanguins attestant l'efficacité (ou non) d'une nouvelle combinaison pourrait cependant constituer un frein à la substitution par un générique. Enfin, dans le match générique versus non générique, notre statut de pays favorisé, les stratégies des labos, les enjeux financiers émergent. Nous nous poserions des questions de nantis quand dans certains pays, le seul fait d'accéder à une molécule, même moins efficace, représente l'enjeu majeur. Mais beaucoup s'accordent à penser que dans l'arbitrage entre les laboratoires, qui font fortune (et pour qui le patient serait essentiellement un sujet de laboratoire, et secondaire dans la gestion de leurs brevets), et les Etats, ces derniers n'ont pas réglé le problème du prix des médicaments. Et certains états hésitent à imposer la taxe sur les billets d'avion pour financer l'accès aux traitements des pays les plus démunis ou en réduisent, comme la France la part reversée, quand dans d'autres états (Russie, Sénégal, Cameroun, ...) une sérophobie, jugée criminelle, s'interposerait à l'accès au traitement, qu'il soit générique ou pas.

Vous êtes bien sûr toujours encouragé-e-s à poster vos commentaires à la suite de celui-ci, et faire part de vos suggestions de thèmes que vous souhaiteriez aborder au cours des prochains chats.

Thème de la semaine prochaine : Jacques Généreux et son ouvrage "Introduction à l'économie"

Portrait de tong.nat

- les petites recettes de chacun pour lutter contre les effets indésirables:  style neuropathie, perte de sommeil, perte de libido problèmes intestinaux etc.....

-les sports et activités ludiques possibles ou l'on ne risque pas de se sentir exclus 

- Les traitements annexes exclus de l'ALD qui nous restent à charge !

- La grande différence du vécu de la maladie coté Femmes par rapport au même vécu coté Hommes

Portrait de jean-marc

Article de presse Libération sur les ARV génériques

http://next.liberation.fr/vous/2014/10/27/sida-vers-une-generalisation-d...

Un extrait :

Premier constat, 76% des patients interrogés acceptent les génériques en général, et 55% leur font confiance. Mais le taux d’acceptation chute à 17% si cela doit se traduire par une augmentation du nombre de comprimés. «Il n’empêche, explique le Dr Jacomet, ce qui ressort du côté du patient, c’est que l’acceptabilité des génériques est principalement dictée par l’utilisation antérieure de génériques pour d’autres pathologies.» En d’autres termes, les séropositifs qui acceptent de prendre sans hésiter des génériques antisida en prennent déjà pour d’autres maladies : il n’y a pas de spécificité. Côté médecins, deux tiers des infectiologues se disent prêts à en prescrire, mais un tiers ne le ferait que s’il existait des études de biovigilance, prouvant l’équivalence des génériques. Une demande cocasse car c’est ignorer que les génériques présents sur le marché ont déjà répondu à ces exigences. «C’est déroutant, analyse la clinicienne. La première limitation des prescriptions des génériques vient de cette mauvaise connaissance. Il y a cette idée que les génériques seraient moins efficaces, et médecins comme patients ne sont pas très au fait des avantages économiques.»