MSF contre le labo ViiV

2 Septembre 2023
1 525 lectures
Notez l'article : 
0
 

Polémique. Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé, jeudi 17 aôut, les conditions imposées par le groupe pharmaceutique ViiV pour son traitement préventif du VIH : le cabotégravir longue action pour la Prep. Dans un communiqué, MSF a demandé à ViiV Healthcare, filiale du géant pharmaceutique britannique GSK, de renoncer à ses conditions que l’ONG juge inacceptables et dont elle affirme qu’elles ont été ajoutées à la dernière minute à un accord d’achat négocié depuis début 2022 pour le cabotégravir à longue durée d’action (CAB-LA). « Nous travaillons actuellement en étroite collaboration sur les négociations contractuelles avec MSF pour permettre l’accès au cabotégravir LA pour la Prep le plus rapidement possible », a affirmé un porte-parole de ViiV à l’AFP. « Nous partageons l’ambition de MSF de permettre l’accès au cabotégravir LA pour la Prep », a-t-il ajouté. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’usage du CAB-LA comme prophylaxie préexposition (Prep) pour le VIH, qu’elle juge sûr et très efficace pour les personnes exposées à un risque important d’infection par le VIH. Que se passe-t-il ? MSF estime que les conditions imposées par ViiV, notamment une clause de confidentialité sur le prix du médicament et les conditions d’approvisionnement, « ne sont pas acceptables dans les accords d’achat de MSF ». Selon l’ONG, elles retardent l’accès à ce médicament qui remplace une prise quotidienne de pilule par une injection toutes les huit semaines. MSF a pour projet de déployer le traitement au Mozambique. Selon l’organisation humanitaire, il y a quelques mois, le laboratoire a soudainement ajouté la clause de confidentialité, et annoncé qu’il se réservait le droit de résilier le contrat ou de refuser le bon de commande sans justification. Un dernier point qui porte atteinte à la sécurité d’approvisionnement, a indiqué l’ONG. Médecins sans frontières est « coincé dans une situation exaspérante », a dénoncé une responsable de l’ONG, Helen Bygrave. « Il y a un médicament de prévention du VIH qui sauve des vies à portée de main, mais ViiV, la seule société produisant du CAB-LA dans les trois à quatre prochaines années [du fait de la protection des brevets, ndlr], met délibérément en place des formalités administratives pour retarder l’accès des personnes dont nous prenons soin », a-t-elle accusé. L’ONG américaine Health Gap, qui se bat pour un prix de médicament anti-VIH abordable, a affirmé en mai 2022 que CAB-LA pourrait être fabriqué pour 20 dollars, mais que ViiV vend le traitement à 23 000 dollars par an aux États-Unis et entre 240 et 270 dollars (entre 220 et 248 euros) pour une personne d’un pays à faible revenu. Selon MSF « le nouveau prix d’accès ne devrait pas être significativement différent » de la fourchette donnée par Health Gap. MSF souligne qu’il a toujours refusé de signer les clauses similaires à celles introduites par ViiV, qui, selon elle, sont des accords de non-divulgation.