Opioïdes : la HAS encadre l’usage

31 Mars 2022
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La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié (24 mars) ses premières recommandations sur la prescription et la consommation d'opioïdes « dans chacune des indications où elles sont utiles pour soulager la douleur ». La HAS a constaté, comme d’autres, que leur usage, avait conduit à une crise sanitaire majeur, du fait de la surconsommation de ces médicaments. Elle entend en prônant le bon usage éviter cet écueil en France. Les stratégies thérapeutiques retenues visent à « éviter tout risque de mésusage et par conséquent d'addiction chez un patient ». En 2015, près de dix millions de Français-es (soit 17,1 % de la population) ont eu une prescription d'antalgiques opioïdes, un chiffre qui serait en hausse ces dernières années. Utiles pour soulager les douleurs, tous les opioïdes antalgiques peuvent cependant induire une dépendance physique élevée et faire l'objet de troubles de l'usage — avec des conséquences importantes pouvant aller jusqu'à la surdose, voire au décès par arrêt respiratoire. « En France, si la situation est moins problématique [qu’aux Etats-Unis ou qu’en Grande-Bretagne, ndlr], l'enjeu est cependant de sécuriser l'usage des opioïdes sans en restreindre l'accès pour les patients qui en ont besoin. Et ce, dans un contexte de vieillissement de la population et d'augmentation des maladies chroniques qui favorise la multiplication des symptômes douloureux ». Les recommandations de la HAS sont une commande du ministère des Solidarités et de la Santé. Elles font le point sur chaque situation dans laquelle les opioïdes sont indiqués pour une douleur, y compris si le-la patient-e présente une dépendance à ces substances, ce qui peut arriver lorsqu'une personne augmente les doses sans avis médical. Elles abordent la prévention et la prise en charge d'un trouble de l'usage des opioïdes et des surdoses d'opioïdes - hors contexte de prise en charge de la douleur. Cette partie inclut un focus sur le recours à la naloxone à administrer le plus vite possible en cas de surdosage. La naloxone est un antidote spécifique des opioïdes indiqué pour prendre en charge un surdosage, lequel comporte un risque vital. La HAS a actualisé les recommandations pour son utilisation en ville. En premier lieu, elle souligne que sa prescription — et sa dispensation sous une forme prête à l'emploi — doit être envisagée et évaluée au moment de la prescription d'un opioïde, notamment si la personne concernée est dite « vulnérable » (événement de vie, sortie d'hospitalisation, d'incarcération, etc.). Cela doit permettre à la personne ou à un tiers présent d'intervenir et de traiter, en urgence, un surdosage aux opioïdes. La HAS précise qu'en cas de suspicion de surdosage (avec notamment un état d'inconscience et une dépression respiratoire de la personne concernée), la personne qui administre la naloxone doit appeler systématiquement et rapidement le Samu. Il est recommandé également de pratiquer les gestes d'urgences : bilan de la conscience, bilan de la respiration, mise en position latérale de sécurité si reprise de la respiration ou massage cardiaque en l'absence de respiration ;
de surveiller la victime dans l'attente de l'arrivée des secours. Compte tenu de l'efficacité de courte durée de la naloxone du fait de sa demi-vie, la HAS souligne enfin qu'une deuxième dose doit être administrée deux à trois minutes plus tard en l'absence d'amélioration, ou pour prolonger l'effet antidote si les secours ne sont pas arrivés. De plus, une autre cause de dépression respiratoire ou l'association des opioïdes avec d'autres substances dont la naloxone n'est pas l'antidote ne peuvent être exclues. Les recommandations sur l’usage des opioïdes s’adressent aux professionnels-les de santé, comme aux militants-es investis-es dans la RDR concernant les produits et font partie de l’information des personnes consommatrices concernées.