Rhume et automédication : attention !

6 Novembre 2020
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Le rhume, un événement de santé fréquent en cette saison, est l'occasion de rappeler les risques graves que peuvent occasionner des médicaments décongestionnants en vente libre en pharmacies contre cette affection qui guérit en général spontanément en sept à dix jours. C’est ce que rappelle l’Agence française de sécurité du médicament (ANSM), les académies de médecine et de pharmacie et le mouvement 60 Millions de consommateurs, dans un numéro spécial hors-série sur les médicaments vendus sans ordonnance réalisé avec le concours de la revue médicale indépendante Prescrire. Actifed Rhume, Humex rhume, Nurofen rhume, Dolirhume Paracétamol et pseudoéphédrine, Rhinadvil font partie de ces médicaments vasoconstricteurs en comprimés, accessibles sans ordonnance et largement utilisés pour soulager des symptômes comme la sensation de nez bouché. Les médicaments vasoconstricteurs sont également utilisés contre la rhinite allergique, comme Actifed LP Rhinite allergique. En revanche, sous forme nasale, ils sont sur ordonnance, explique l’AFP. Ces dernières années, de nombreuses mises en garde ont été émises sur ces risques « rares mais graves » (AVC, infarctus du myocarde, convulsions, tension artérielle élevée, réactions cutanées graves...), l'agence du médicament ajoute à présent « une alerte concernant le risque possible d'altération soudaine de la vue ». Par ailleurs, l’ANSM souligne, à l'aide du logo femme enceinte, le « danger » de prendre ces médicaments pendant la grossesse en raison des risques pour l'enfant à naître. Ces médicaments sont « strictement interdits pendant l'allaitement », rappelle-t-elle encore dans un document actualisé d'information aux patients, remis par les pharmaciens et téléchargeable sur le site de l'ANSM. Les usagers-ères y retrouveront la liste des onze médicaments visés ainsi que les conseils d'usage : lavage du nez avec du sérum physiologique ou des sprays d'eau thermale ou de mer, dormir la tête surélevée, boire suffisamment, aérer les pièces, etc. En six ans (période 2012-2018) 307 cas graves (dont 25 AVC) ont été signalés, provoquant cinq décès, selon la pharmacovigilance qui assure la surveillance des médicaments auprès de l'ANSM. L’agence rappelle que ces médicaments ne doivent pas être pris plus de cinq jours d'affilée. IL est recommandé d'arrêter d'en prendre et de consulter si les symptômes persistent voire s'aggravent. La recherche de virus de la Covid-19 ou de la grippe peut aussi s'imposer selon les cas. Ces produits ont des contre-indications (personnes de moins de 15 ans, antécédents ou facteurs de risque d'AVC, hypertension artérielle ou insuffisance coronarienne sévères, glaucome, certains problèmes de prostate, association avec d'autres décongestionnants du nez par voie orale ou nasale, etc.). Un vasoconstricteur est souvent associé à un antidouleur (paracétamol, ibuprofène) ou à un antihistaminique (cétirizine) pour les rhinites allergiques. Aussi faut-il éviter de prendre d'autres médicaments contenant ces mêmes molécules, pour éviter des surdosages dangereux, par exemple de paracétamol. Les académies de médecine et de pharmacie, qui viennent de publier un rapport sur les prescriptions médicamenteuses dans le rhume de l'adulte d'origine virale, suggèrent de créer « un Observatoire national du rhume » afin de recueillir des données fiables en termes d'épidémiologie et de consommation médicamenteuse. Les rhumes affecteraient chaque année 20 à 25 % de la population et seraient six à sept fois plus fréquents que les syndromes grippaux, écrivent-elles sur la base d'études américaines. Alors qu’« aucun traitement du rhume de l'adulte n'a réellement fait preuve d'une grande efficacité », ces sociétés savantes relèvent des  prescriptions « nombreuses et variées, représentant à la fois un danger en termes de santé publique et de risque d'effet indésirable individuel, et un coût non justifié en termes de dépenses de santé ». Elles préconisent notamment de « limiter l'usage de la corticothérapie, le plus souvent inadaptée, ainsi que l'usage des vasoconstricteurs en raison de leurs effets indésirables, en suggérant qu'ils ne soient délivrés que sur prescription médicale ».