Un milliard d'économies sur le médicament

24 Septembre 2018
3 896 lectures
Notez l'article : 
0
 

Le gouvernement prévoit de nouvelles baisses de prix sur le médicament pour réaliser « un milliard d'euros d'économies » dans le cadre du budget de la Sécurité sociale (PLFSS 2018) qui sera présenté fin septembre, a indiqué (20 septembre) la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. « Il y aura, cette année, un milliard d'euros d'économies dans les négociations des prix avec l'industrie pharmaceutique », a-t-elle déclaré sur RTL, sans préciser si ces économies serviront à financer le plan santé à 3,4 milliards d'euros annoncé par le président de la République le 18 septembre dernier. Le budget de la Sécurité sociale inclut chaque année des mesures pour limiter le coût des produits de santé. Pour 2018, près de 1,5 milliard d'euros d'économies étaient ainsi programmés, dont 480 millions de baisses de prix sur les médicaments, 100 millions sur les dispositifs médicaux et 210 millions de « remises » attendues de la part des laboratoires pharmaceutiques, détaille l’AFP. Ces économies dans le champ des médicaments et dispositifs médicaux s'ajoutent à d'autres « actions » récurrentes pour freiner la hausse des dépenses de santé : transports sanitaires, arrêts de travail, lutte contre les fraudes, etc. L'Assurance maladie a déjà indiqué, fin juin, qu'elle visait deux milliards d'euros d'économies — hors médicament —  en 2019. Le montant total des économies qui figurera dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2019) pourrait toutefois être inférieur aux 4,2 milliards prévus en 2018 car l'exécutif a annoncé (18 septembre) une rallonge pour financer sa réforme du système de santé. Le Premier ministre Édouard Philippe a, par ailleurs, annoncé en juillet aux industries pharmaceutiques que pour les trois années à venir, ils pourraient bénéficier d'une croissance « minimum » de 0,5 % des dépenses de médicaments. Le 20 septembre, le Leem (Les entreprises du médicament) n’avait pas encore réagi à l’annonce ministérielle.

Commentaires

Portrait de Tom Sawyer

Source: le journal du dimanche, octobre 2017Dans une interview au Journal du dimanche, la ministre de la Santé dévoile les pistes gouvernementales pour réduire le déficit de la Sécurité sociale. Évoquant une "révolution douce", elle estime que "30 % des dépenses de l'assurance-maladie ne sont pas pertinentes".

La chasse aux économies est lancée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui évalue ce dimanche à 30% les dépenses de l'Assurance maladie "pas pertinentes" et explique comment elle entend traquer les actes "inutiles" dans les hôpitaux.

Pour réduire de 3 milliards d'euros le déficit global de la Sécurité sociale en 2018, "il y a une marge de manoeuvre énorme sans toucher à l'égalité des chances: 30 % des dépenses de l'assurance-maladie ne sont pas pertinentes", déclare ainsi la ministre au Journal du dimanche

Alors que l'Assemblée nationale doit entamer la semaine prochaine l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), elle a détaillé dans cet entretien quelques axes d'économies et de meilleure utilisation des ressources dans les hôpitaux. L'amorce, selon elle, d'une "révolution en douceur".

Cela commencera par "favoriser l'ambulatoire". "En chirurgie, par exemple, l'objectif est qu'en 2022, sept patients sur dix qui entrent à l'hôpital le matin en sortent le soir, contre cinq aujourd'hui", explique Agnès Buzyn. "Nous allons fermer les lits qui ne servent à rien ou les réorienter vers de nouveaux besoins" et "lutter contre les opérations inutiles ou les actes réalisés deux fois", dit-elle.

Elle estime que les hôpitaux pourraient en outre "économiser un milliard d'euros en mutualisant certaines dépenses, comme les achats de médicaments".

Lutte renforcée contre la fraude

Enfin, la ministre explique sa méthode pour réformer le financement des hôpitaux en créant des "modes de tarification centrés sur la pertinence des soins", par exemple en octroyant "un bonus, un intéressement dès lors qu'ils répondront aux objectifs de qualité, de pertinence et d'efficience".

Parallèlement, la ministre entend renforcer la lutte contre les fraudes à l'Assurance maladie. "Il faut cesser d'être laxiste avec ceux qui abusent d'un système généreux", affirme-t-elle, en pointant notamment la hausse des arrêts de travail. "Jusqu'à quand l'assurance-maladie palliera-t-elle les défaillances du management au travail ?", interpelle la ministre.

La Sécurité sociale "multiplie les contrôles en croisant les fichiers informatiques" et en 2016, la fraude détectée sur les cotisations et les prestations "s'est élevée à 1,2 milliards d'euros et le chiffre ne cesse de croître", précise-t-elle.

En 2017, le déficit cumulé du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse doit atteindre 5,2 milliards d'euros. La branche maladie resterait déficitaire de 800 millions d'euros.