Vaccin et méningocoque B

9 Novembre 2022
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Dans un communiqué (24 octobre), l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes fait part de l’efficacité d’un vaccin contre le méningocoque B et d’un antibiotique préventif pour réduire le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST). Le méningocoque B (Neisseria meningitidis) est une bactérie qui peut être à l’origine de méningites. Il est proche du gonocoque (Neisseria gonorrhoeae). L'essai ANRS Doxyvac, mené par une équipe de recherche de l’AP-HP, d’Université Paris Cité, de l’Inserm et de Sorbonne Université en collaboration avec AIDES et Coalition PLUS, a évalué la combinaison d’une vaccination contre le méningocoque B (par le vaccin Bexsero) et la prise d'un antibiotique (la doxycycline) après un rapport sexuel non protégé par un préservatif. Cette méthode de prévention est appelée une PEP en anglais (Post-exposure prophylaxis) et en français une PPE (prophylaxie post-exposition). Cette étude est conduite depuis janvier 2021 chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), très exposés au risque d’IST et ayant présenté au moins une IST dans l’année précédant leur participation à l’étude. Ces hommes participent, par ailleurs, à la cohorte ANRS Prevenir de prévention de l’infection par le VIH dont les résultats ont été rapportés récemment dans The Lancet HIV et qui montrait que la prise de la Prep à la demande était aussi efficace et sûre que la prise en continue pour prévenir l’infection par le VIH. Plus de 500 volontaires vivant en région parisienne  ont été répartis par tirage au sort en quatre groupes : l’un recevant une prophylaxie post-exposition par la doxycycline, l’autre une vaccination par le Bexsero, le troisième la combinaison de ces deux interventions et le quatrième aucune des deux interventions. Il a été constaté que le groupe recevant la doxycycline présentait une réduction importante du risque de syphilis et d’infections à chlamydia. L’incidence des infections à gonocoque était également réduite significativement. Le groupe recevant le vaccin contre le méningocoque B présentait une réduction significative du risque d’infection par le gonocoque. « Suivant les recommandations du comité indépendant de l’essai, les responsables scientifiques et l’ANRS | MIE, en tant que promotrice, ont donc décidé d’arrêter l’étude sous sa forme actuelle afin de mettre la doxycycline et le vaccin contre le méningocoque B à disposition de tous les participants de l’essai ANRS Doxyvac, après validation par les autorités réglementaires et éthiques. Le suivi des participants va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2023 pour s’assurer de l’efficacité sur le moyen terme de ces stratégies de prévention », déclare l’ANRS | MIE. « Le concept de prophylaxie biomédicale au moment de l’exposition au risque d’infections sexuellement transmissibles dans le cadre d’une offre élargie de prévention est donc validé. Nous le devons à tous les volontaires de l’étude sans qui il n’aurait pas été possible de démontrer cette efficacité » a déclaré le Pr Jean-Michel Molina (département de maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis et Lariboisière, AP-HP et Université Paris Cité), investigateur coordonnateur de l’étude. « C’est une avancée majeure dans la lutte contre les IST. Les résultats de l’essai ANRS Doxyvac devraient faire évoluer les recommandations nationales et internationales en matière de prévention contre ces maladies », affirme, quant à lui, le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS | MIE.