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Publié par rickhunter le 02.10.2009
5 638 lectures
Etre connecté à un tchat de séropos  (désolé, tchat prononcé, ça ne s'écrit pas "chat") en quasi permanence pendant une semaine est addictif mais instructif.

Les homos ne sont pas plus intéressants que les hétéros. (on le savait)

Les hétéros sont aussi roublards que les homos.

Les séropos ne sont pas plus intéressants que les séronégatifs avec encore plus de tendance à l'auto-apitoiement, tendance chère aux minorités.

L'égoïsme est partout décrié et immensément présent.

Presque tous aiment l'honnêteté  et la franchise et détestent le mensonge (et "ceux qui ME sont infidèles" dit même un mec sincère).

La méchanceté de cour de récréation et ensuite les plaintes sur la solitude qu'elle engendre.

Les mots mal interprétés qui font démarrer au quart de tour et bouder dans son coin.

Les erreurs cent fois répétées qui ne servent pas de leçon.

Les pète-sec qui se révèlent empathiques ou touchants.

Le moment de désespoir où on propose son cul ou son coeur pour rien.

Le besoin de plaire à tous en espérant un seul.

Le grand amour attendu alors qu'on ne l'a jamais reconnu parmi les dizaines de gens rencontrés et finalement repoussés.

Croire que plaire mène au sexe, puis au cœur, puis au bonheur.

Penser que le prochain va résoudre les problèmes que l'on est incapable de résoudre moi-même, sinon même d'identifier

Espérer trouver quelqu'un qui m'aimera plus que je ne m'aime moi-même.

mais tout cela a un corollaire merveilleux : toujours cet espoir que tout va arriver bientôt et que demain sera meilleur.

C'est con comme la vie, humain, désespérant et émouvant, idiot et passionnant parfois.

Comme le film que les enfants repassent tous les jours parce qu’il ne change jamais.
Mais un film dont on espère que la fin  aura peut-être changé aujourd'hui ou juste pour nous, pour moi, me, myself, ich, I...

Commentaires

Portrait de frabro

Mais tellement lucide !

Merci d'avoir terminé par l'espoir ! 

Portrait de Adrien75

Cela résume bien ce que chacun d'entre nous est. Vraiment tu nous as écrit un très beau texte avec les mots justes.
Portrait de rickhunter

  • 72 lectures et 2 commentaires, je ne sais pas si c'est là règle.
  • J'ai envoyé ce même billet par mail à une trentaine de personnes ouvertes de mes relations, en signant de mon nom et j'ai eu aussi de merveilleuses réponses.Les gens qui vous aiment vraiment aiment tout de vous.
  • Un membre seronet qui aime bien jouer les bourrins sur le tchat m'a envoyé en email une formidable lettre mais je comprends qu'il ne la poste ni en blog, ni en commentaire : il a la discretion du coeur, je m'en doutais un peu.
Cordialement à mes frères du site.  RH
Portrait de Ferdy

on pourrait te citer en préambule au tchat ; perso, moi aussi j'ai trouvé ton texte revigorant, stimulant, malicieux, adroit, incisif, bref, sans complaisance, à part cette tare inhérente à notre poisseuse condition humaine, con comme la vie (j'ai des amis qui auraient écrit : comme une bite, c'est ignorer l'intelligence de ce membre toujours en quête de répétition et qui confond le bonheur avec le devenir de la sous-préfecture)

carambolage de coïncidences : (heureusement, nul blessé à déplorer) j'ai bien connu l'Yonne, un bled joliment appelé Cerisiers, une maison de famille dans l'acception la plus convenue du terme, une campagne qui parfois rappelle l'Angleterre (le Worcestershire), mollement vallonnée, propice aux joies équestres et aux premiers émois amoureux...

Portrait de rickhunter

Ferdy wrote:

on pourrait te citer en préambule au tchat ; perso, moi aussi j'ai trouvé ton texte revigorant, stimulant, malicieux, adroit, incisif, bref, sans complaisance, à part cette tare inhérente à notre poisseuse condition humaine, con comme la vie (j'ai des amis qui auraient écrit : comme une bite, c'est ignorer l'intelligence de ce membre toujours en quête de répétition et qui confond le bonheur avec le devenir de la sous-préfecture)

carambolage de coïncidences : (heureusement, nul blessé à déplorer) j'ai bien connu l'Yonne, un bled joliment appelé Cerisiers, une maison de famille dans l'acception la plus convenue du terme, une campagne qui parfois rappelle l'Angleterre (le Worcestershire), mollement vallonnée, propice aux joies équestres et aux premiers émois amoureux...

Cerisiers est à 2 pas de chez moi et j'y passe de temps en temps quand je me force à aller voir les mammifères humains, histoire qu'on ne me retrouve pas dans dix ans ayant perdu l'usage de la parole. Je suis surtout amusé  de te lire ici car j'aime tes billets et j'aime ceux que tu apprécies. 

J'aime bien l'Yonne aussi même si je ne suis pas un celte-germain de cette région mais je commence juste à communiquer avec l'habitant tellement j'ai l'impression de venir du bout du monde. Il est vrai que le cotoyer dans les hard discounts ne lui rend pas forcément justice. Pour moi, l'Yonne, c'est le chalet,la terrasse en bois avec une vue qui s'arrête à cause de la courbure du globe terrestre, vivre à poil,le feu de cheminée, les petites routes, l'écureuil et les biches qui viennent boire quand il fait trop sec.Et les weekends en amoureux.

Il y a une carrière d'équitation et je me ferai prochainement le cadeau de refréquenter sinon un cheval, au moins un double poney (rire). 

Aux hommes de bonne volonté qui ont ouvert un livre dernièrement et ne sont jamais seuls gràce à l'adsl.

Portrait de Ferdy

C'est tout de même étrange de voir comment le virtuel rejoint le réel. On se dit j'écris cerisiers, personne ne connaîtra. Tu parles ! Il s'en trouvera toujours un pour affirmer qu'il a connu, autrefois, une fermière appelée Dinon ou Manon ou Cyprienne.

C'est l'endroit même du souvenir d'enfance(s). L'évoquer ici pourra peut-être déranger le lecteur tant tout me paraît si intime. Je connaissais le nom des hameaux, je pense non pas les avoir oublié mais les avoir mis en quarantaine. Tu peux sans doute imaginer une grande maison, à l'époque mes cousins et cousines se comptaient en plusieurs dizaines ; la vie agricole (la traite des vaches, la moisson, les trucs impensables dans la vie d'aujourd'hui) entrait jusqu'à l'intérieur du village.

Le cheval avait encore une place dans nos espaces. Je me souviens que j'avais peur du bruit des fers des sabots ; je m'abritais sous une table d'un salon dès que le bruit devenait trop menaçant. Puis, j'ai monté ces animaux ; j'ai même tenté de m'illustrer dans des concours de dressage et de saut.

Ca devient encore plus privé : je te remercie pour ce que tu as pu écrire me concernant, j'aurais tendance à dire la même chose.

(cf. mon super blog ! on poursuit la teuf !)

Portrait de rickhunter

Ferdy wrote:

....Tu peux sans doute imaginer une grande maison, à l'époque mes cousins et cousines se comptaient en plusieurs dizaines ; la vie agricole (la traite des vaches, la moisson, les trucs impensables dans la vie d'aujourd'hui) entrait jusqu'à l'intérieur du village.

j'étais citadin mais mes parents étaient la première génération à quitter ferme et campagne. Evidemment, les meilleurs moments étaient quand ma soeur et moi retrouvions les cousins et la campagne en Bresse, du côté de la famille paternelle. Les grands batiments, les routes presque désertes pour pédaler, les cachettes innombrableset surtout notre vraie famille de neuf cousins dont j'étais l'ainé, de peu, et longtemps le plusgrand.

Du côté de ma mère, recueillie dans le haut beaujolais, c'était plus ennuyeux pour nous les enfants, des demi-cousins adultes, une campagne pauvre et arriérée supportable en été seulement, où on lisait les "Nous Deux" arrivés toute l'année par abonnement. 

La surprise pour moi a été de m'exiler volontairement dans l'Yonne  et de partager finalement le background transmis par mes parents qui seraient souvent près à échanger maison, piscine, proximité de Lyon contre mon chalet, le pré non planté, la cheminée et la forêt.

Cordialement, et loin du ctchat pour ma santé mentale.

al1 RH

Portrait de Ferdy

Autrefois, les sous-bois en étaient pleins dans ces campagnes. Depuis je ne peux pas en manger, ils viennent de Russie, enfin peut-être directement de Tchernobyl et ils n'ont absolument aucun goût (le "ils" pour girolles désigne ici, pourquoi pas, le champignon dans son ensemble.)

Il existe à Cerisiers (ou : il existait ?) une sorte d'allée boisée, circulaire, qui faisait communiquer entre elles les principales grandes habitations du centre. On appelait cela Les Promenades ; on y accédait par la petite porte au bout du potager. Ca créait une espèce de frontière entre le centre et les prés, où chacun allait marcher le dimanche après-midi, une occasion pour les familles de se saluer sans s'imposer chez les uns et les autres ; la visite à l'improviste n'ayant jamais eu cours, sauf peut-être chez les paysans qui de toute façon n'avaient pas le téléphone, ces gueux.

De ces vacances en gîte rural, le petit animal parisien que j'étais a, je crois, été une superbe occasion de découvrir ce que l'on appelle la nature, le respect et l'amour des animaux, le plaisir de voir ces paysages travaillés par l'homme (par la suite, les cottages anglais ou la campagne toscane) (on se demande ce que cette réminiscence proustienne vient faire sur un site solidairement vih, enfin, nous savons que nous sommes aussi autre chose que des personnes infectées), je en sais plus où j'en suis dans mes parenthèses, je me suis empêtré et ne cherche pas à corriger. L'autre impression, c'est que quarante petites années seulement séparent ce souvenir de notre actualité. Tu le dis ici-même, si la seule relation sociale se déroule dans les hyper-marchés et les discounts, les occasions de rencontrer le chaland sont à peu près identiques à ce qu'elles sont à Paris ou à Bourg-en-Bresse (au hasard). En revanche la situation des agriculteurs, éleveurs, etc. n'a semble-t-il jamais été aussi délicate, si proche pour certains de la paupérisation. Notre société a cru au miracle des rayons toujours fournis de la grande distribution, oubliant simplement un détail : la rémunération du péquenaud qui se lève à 5:00 du mat' et dont le rythme de travail pourrait faire passer une période d'essai chez France télécom pour un séjour au Club Med...

Portrait de concordes

T'as entièrement raison Rickhunter, c'est éprouvant ce Tchat. Moi j'arrête là car je suis top sensible. Et puis de toute façon on n'a jamais pu aider quelqu'un virtuellement, alors je commence tout de même à me poser d'autres questions sur l'utilité de ce chat. 
Portrait de seanaque

est très belle et ses habitants chaleureux et francs mais il y a aussi la ségragation du centre ville de sens où des centaines de logements situés à l'interieur des anciens remparts restent vides faute par les propriétaires de voir résider y une population socialement incorrecte.

La "zone" de HLM pour salariés modestes est à cinq kilomètres de la gare et sans bus pour les 3000 prolos qui doivent aller et revenir du travail quotidiennement à Paris.

Et les petits bourgeois regroupés en loge,clubs,cercles rotariens ou Lions'sais qui se regardent en chien de faillance.

Non cette ville de Sens en elle même quand on la connait est invivable , sans activité culturelle,sans imagination,rongée par des querelles municipales sans fins et avec ses clans qui s'entredechirent pour gâcher du mieux qu'ils peuvent les fonds publics d'une municipalité en faillite depuis des années par des réalisations clientélistes.

Portrait de parisien-breton_en_ligne

connaissez vous le hameau qui s'appelle la Longueraie à Vaudeurs où il y a un centre équestre ?

je connais depuis quinze ans... et y vais assez souvent...

le monde est tout petit... 

Portrait de Ferdy

je connaissais La Roche-Migennes, La Roche-Posay (produits cosmétiques), La (sais plus), n'empêche, le truc important, c'est quand pour la première fois, tu montes sur un cheval, t'as la trouille, tu galopes avec angoisse, et puis, enfin tu connais ce plaisir bizarre, je n'ai jamais rien connu de meilleur, même l'acte d'amour parfois m'a paru bien pauvre, en comparaison.