mon premier

Publié par petitloup le 11.12.2010
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billet pour ce blog. ça y est, je me jette dans l'eau. Je ne peux plus le tenir en moi, envie de partager, de me défouler sur le clavier.

La vie n'est pas simple, et l'existence n'est pas une partie de plaisir. Des milliards des gens dans le monde subsistent, à la limite matérielle et biologique. Moi, j'ai tout, mais ma vie n'est pas plus simple pour autant. La crise existentielle, affective, la peur d'etre seul, la peur du vide, du néant. Le boulot - celui que j'ai toujours voulu faire et que j'ai toujours aimé - je la pratique au plus haut niveau à présent. Les amis - je pense etre très bien entouré. Rien ne ménace mon existence matérielle. Et pourtant, parfois je peine à me lever le matin. Le vide de la signification : "à quoi bon". Tous les jours je me bats pour la survie en tant qu'être humain. Pour ne pas sombrer en dépression. Pour continuer à voir mes amis. Pour continuer à faire mon travail, que je fais plutôt bien. Pour faire de la musique. 

Donc, l'annonce de ma séropositivité est arrivée au mauvais moment. Ca fait à peine deux mois. Et pas pour améliorer mon état, déjà proche d'une crise existentielle (la fameuse crise de la trentaine dont on parle tant ? je n'y crois pas à ces choses-là.). Quand j'ai appris, c'était comme un mauvais rêve. Cet instant - le coup de fil de mon médecin le matin, notre conversation qui a duré à peine 3 minutes, ensuite notre rendez vous le soir du jour même, ma question "donc, c'est quasi-certain ?" et sa réponse, ses yeux dans les miens, la main sur la feuille des résultats d'analyses : "ne jouons pas sur les mots, c'EST certain.". 

Très étrangement, et à mon grand étonnement, j'ai été perturbé  une demi-journée, et le choc s'est estompé vers l'après midi. Le soir même, une visite chez mon ami le plus proche - qui est aussi mon ex.  Après - une vie normale, un relâchement : advienne que pourra. Une indifférence. Un état de choc, dans lequel j'ai mené une vie complétement normale. 

Deux semaines plus tard, un coup de fil de mon médecin : mes analyses sont bonnes, je n'ai pas besoin de traitement. Je suis en très bonne santé. je ne suis donc pas malade ? 

Depuis, la vie à deux : moi et mon virus. Coté affectif, très étrangement, le virus n'a strictement rien changé. il faut dire, qu'avant déjà, et depuis qq temps, ma vie amoureuse souffrait d'un certain désordre - que j'avais bien eu l'intention d'arranger d'une manière radicale. Secretement, j'ai ressenti un soulagement en apprenant sur ma séropositivié, en me disant que voilà, le problème est réglé, tout le monde me lâchera et tout se réglera tout seul. Cela aurait été trop simple pour se passer de cette manière. L'annonce de ma séropositivité n'a strictement rien changé dans l'attitude de mon amant (pas copain...): il a été perturbé 10 minutes, pas plus. C'est bien, allez vous dire. Oui, c'est super ! tout n'est pas perdu, on n'est pas rejeté quand on est séropo. Mais bon :)

je me souviendrai des paroles de mon docteur, de celui qui m'a pris en charge pour le VIH: "vous allez voir, vous n'allez pas laisser vous emmerder à présent". J'ai encore du mal, mais j'essaye de faire réaliser cette prédiction. Donc, qq avancés dans la tâche de "nettoyage" et de "rangement". Mais pas simple... 

Le VIH est une maladie étrange. Ce n'est pas une maladie dans mon cas (pour l'instant)... c'est un truc que l'on a et qui fait que le regard des autres change. Où peut être tout simplement on pense qu'il change ? Ou peut être c'est notre regard à nous sur nous même qui change ? Je n'ai pas eu le temps d'expérimenter l'altération du regard des autres. Pour l'instant, 4 de mes amis proches sont au courant, et de leurs part, je n'ai ressenti aucun changement. Donc... à suivre. Curieusement, je n'ai pas ressenti une quelconque baisse du libido. Au contraire. Après que mon médecin m'a assuré que j'ai été très peu contaminant, et que le sexe avec moi était safe à condition de mettre une capote, je continue...

Voilà, donc, tout va bien en ce qui concerne le VIH. Il n'empêche que j'y pense tous les jours et tout le temps. Ca tourne dans ma tête come une tâche de fond. Je ne suis pas tombé en dépression. Mais il y a qq chose, une sorte de tristesse, une angoisse larvée. M'en débarasser à tout prix. 

Et de faire des rencontres. Avec des personnes séropositives, pour se soutenir, partager l'expérience. Aller vers les autres, ne pas rester dans son coin. Abandonner des choses futiles, se concentrer sur du vrai, du réel, du vivant. 

Je finis mon premier billet : merci à ceux qui ont eu le courage de lire jusqu'au bout. C'est long, mais j'en avais besoin. Pardonnez moi pour le style un peu coupé au couteau : je ne suis pas francophone de naissnace. Et merci pour vos commentaires... 

Commentaires

Portrait de Davsen

La parole réchauffe les coeurs, la main les embrases, les lèvres les faits fondres

Le plus dur est passé ou à venir, pour moi j'ai vécu 6 mois suite à mon annonce que je ne souhaiterais pas revivre.

Que tout aille bien dans ta vie, je suis content pour toi, préserve cela car lorsque l'on est séropositif, c'est bien souvent le regard sur soi-même qui change effectivement, et qui peut dans certains cas être très dur à vivre.

Pour le regard des autres, il n'est pas nécessaire à mon sens de l'éveiller par de telles confidences.

Je pense que moins on en dit et mieux on se porte mais que mieux on le dit et mieux on se porte aussi. Donc en fonction de chaque personne des mots sont possibles ou non.

Concernant la sexualité, et les rapports avec les autres, il n'y a que nous qui soyons au courant, alors aucun changement est conseillé à mon sens, du moins je le pense, lorsque les précautions sont prises.

Bonne journée. 

Portrait de Ferdy

j'espère que tu seras tombé dans la bonne auberge,

ce que tu annonces n'a rien de banal, ni d'affligeant...

si cela peut te rassurer, voilà 22 ans que je cohabite avec ce monstre, en toute quiétude,

je sais que l'annonce est parfois assez dure à entendre, 

ton intelligence ne suffira peut-être pas toujours, ne négligeons pas l'aspect "sentimental" de cette intrusion, il faut certes vivre avec, et parfois contre ; 

si j'avais un seul conseil à te donner (à quel titre d'ailleurs ?), serait de faire mine de l'ignorer, non pas dans le déni, mais qu'il (ce virus) n'envahisse pas ton existence, offre lui la place réservée qui lui est due, accepte les bilans réguliers, mais ne fais pas de cet hôte indésirable l'intrus privilégié de ta vie, tu dois savoir que les traitements aujourd'hui peuvent limiter son action, 

le vih (dans nos pays développés) peut aussi se poser comme un questionnement, (ce que je fais de mon corps), et du reste... bref, que ta vie ne se cantonne pas à cet aspect médical, tu sembles avoir cette gnac, préserve-la !

biz, Philippe